Se doper aux hormones : ça ne va pas, non ?

08 octobre 2014

Il y a des périodes comme ça, où le découragement fait tenir des raisonnements un peu bizarres.  Ainsi a-t-on pu lire ici ou là, que le dopage finalement, ce n’est peut-être pas si terrible que ça.  Alors pourquoi s’en formaliser, disent certains.  Le sujet naturellement, intéresse au plus haut point les sportifs…et leurs médecins.  Alors les hormones pour gonfler ses performances : triche ou pas triche ? En avant-première des Journées internationales de médecine sportive (JIMS) qui se tiendront prochainement à l’Ile Maurice, nous avons demandé son avis au Pr Martine Duclos, chef du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand.

« Il y a deux ans de cela » reconnaît-elle, « c’était la grande mode : la capacité à réaliser des performances de haut niveau est d’abord d’origine génétique.  Alors pourquoi ne pas légaliser le dopage ?  D’autant plus que son dépistage coûte cher pour une efficacité aléatoire ».  Traduction libre : dépister un sportif dopé c’est difficile, et puis de toute façon ceux qui vont se doper sont les sujets naturellement doués, car génétiquement prédisposés.  Ne nous y trompons pas : ce raisonnement était aussi discutable que répandu.

Car enfin souligne Martine Duclos, « c’est vrai : la génétique joue un certain rôle en la matière.  On est même parvenu à identifier des gènes qui prédisposent plutôt au sport d’endurance, ou à des sports où l’on pratique un effort plus ‘explosif’. Mais les gènes expliquent seulement 1% à 10% de la performance, tout au plus. Il faut aussi de l’entraînement, une bonne maîtrise technique et un mental de vainqueur. » Et tout ça, on ne le trouve pas en gélule, ni sous forme injectable…

Dangereux pour la santé

C’est un sujet que connaît bien le Pr Duclos. Au sein du Centre de recherche en nutrition humaine INRA-Université d’Auvergne, elle mène justement des travaux sur l’adaptation hormonale à l’entraînement et, de façon plus générale, sur les relations entre les muscles, métabolismes et hormones.  A ceux qui affirment qu’il vaudrait mieux légaliser le dopage pour établir une certaine égalité entre sportifs et améliorer leur sécurité, elle répond sans ambages. « Dans tous les cas, ce seront toujours les plus riches (ou ceux dont l’équipe est la plus richement dotée, ndlr) qui pourront se payer les techniques de pointe et le suivi médical nécessaire. »

Alors le dopage « même s’il permet d’améliorer les performances, est dangereux pour la santé.  Et en plus il est contraire à l’éthique du sport. Alors oui, le dopage, c’est de la triche. » Un message qu’elle pourra répéter à ses confrères – et aux sportifs de haut niveau – réunis dans le cadre des prochaines Journées internationales de médecine sportive (JIMS) organisées à l’Ile Maurice du 23 au 28 novembre prochain.

  • Source : Interview du Pr Martine Duclos, 18 septembre 2014

  • Ecrit par : Marc Gombeaud – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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