Sectes : attention aux charlatans de la santé
10 avril 2013
Des pratiques potentiellement dangereuses se diffusent dans le cadre de la formation professionnelle. ©Phovoir
Un gourou pour remplacer le médecin ? Les mouvements sectaires à visée « thérapeutique » continuent de faire des ravages en France. Dans son rapport d’information rendu public ce 10 avril, la Commission d’enquête sur l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé s’alarme de la dégradation de l’image de la « médecine classique ». Pour enrayer ces dérives florissantes, ses membres émettent 41 propositions.
Les dérives sectaires et thérapeutiques se combinent trop souvent. « Elles cumulent alors les dangers liés à une forme d’emprise et les risques dus à l’exploitation mercantile de la crédulité des personnes vulnérables », soulignent les auteurs du rapport. D’après eux, « la contestation du système de santé et de la médecine (vaccination, transfusion…) est une constante des discours porteurs de ces dérives. » D’autres phénomènes favorisent également « ces pratiques thérapeutiques non conventionnelles qui touchent les malades, certains professionnels de santé, jusqu’aux hôpitaux ».
De plus, « l’existence d’une offre de soins très étendue sur Internet » facilite son accès. Elle rend difficile la lutte contre ces dérives. « Une inégale implication des institutions chargées de mettre en œuvre la vigilance et une réponse judiciaire trop incertaines », paralyse les actions contre ces mouvements.
Davantage de moyens pour lutter
Parmi les propositions soumises par la commission, 15 concernent une amélioration des outils judiciaires contre les dérives sectaires. Ses auteurs suggèrent également de renforcer la sécurité des internautes en matière d’informations médicales en ligne. Ils souhaitent notamment que « toute recherche sur un moteur du web ayant un lien avec les pratiques thérapeutiques non conventionnelles débouche en premier lieu sur les messages officiels provenant d’autorités telles que le ministère de la Santé, la Haute Autorité de Santé (HAS) ou la Miviludes. »
Plusieurs recommandations concernent le contrôle direct de l’activité des psychothérapeutes. Les auteurs conseillent en particulier de « mettre en place une accréditation par la HAS des praticiens exerçant des thérapies non-conventionnelles à l’hôpital. » Par ailleurs, la formation initiale et continue devrait être davantage encadrée par les autorités. Ainsi, « l’utilisation abusive de l’intitulé ‘Université’ par certains organismes de formation privés aux pratiques non conventionnelles devrait être contrôlée. » Enfin, la protection des mineurs est évoquée dans 4 propositions. Elles visent surtout à « s’assurer que les programmes de l’enseignement secondaire intègrent une sensibilisation aux dérives thérapeutiques et sectaires. »
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet