Séisme : pourquoi certains le ressentent… et d’autres non
19 juin 2023
5,3 à 5,8 sur l’échelle de Richter pour la première secousse, mesurée à 18h38 dans une grande partie de l’ouest de la France vendredi. Puis 4,6 pour la première réplique, survenue quelques heures plus tard, au milieu de la nuit. Un important séisme s’est donc produit il y a quelques jours, et, comme souvent, il a été très diversement ressenti.
Il y a ceux qui ont cru à une explosion, ceux qui ont vu leurs sols gondoler, ceux qui ont vu les murs de leur maison se fissurer ou s’écrouler, comme à La Laigne, petite commune de Charente-Maritime lourdement touchée par l’important séisme de vendredi dernier. Et puis il y a les autres, qui n’ont rien vu, rien entendu, ni même ressenti.
Pour expliquer cette variation dans les impressions, de nombreux facteurs entrent en compte. La magnitude et la distance au foyer du séisme, en premier lieu : celui de vendredi semble avoir pris naissance sur une faille située à quelques centaines de mètres sous la commune de Cram-Chaban, près de Mauzé-sur-le-Mignon, entre La Rochelle (Charente-Maritime) et Niort (Deux-Sèvres). Plus la magnitude est importante, et plus on est proche du foyer et de l’épicentre du séisme (le point de la surface du sol le plus proche du foyer), plus il y a de chances de l’avoir ressenti. Cependant, des personnes situées à des centaines de kilomètres ont très nettement perçu les secousses, mais pas leurs voisins immédiats…
Facteurs multiples
C’est sans doute parce que d’autres facteurs entrent en compte. Par exemple : la hauteur des bâtiments dans lesquels vous vous trouvez (plus vous êtes en hauteur, plus les oscillations seront importantes), et les sols sur lesquels ils sont bâtis (les sols proches des cours d’eau sont plus sensibles aux ondes sismiques que les sols plus compacts).
Les différences de ressentis s’expliquent aussi et surtout par ce que vous faisiez au moment de la secousse : c’est ce que l’on peut lire sur le blog du chercheur Austin Elliott, scientifique américain spécialiste des tremblements de terre à l’Institut d’études géologiques des États-Unis. Dans un billet datant de 2017 et intitulé « Qui ressent les séismes ? », il explique que l’une des principales causes de ces différences s’explique par le fait que les personnes non sensibles « se trouvent dans le rayon perceptible du tremblement de terre, mais n’y prêtent pas suffisamment attention ».
Ainsi, en dessous d’un certain seuil, « les tremblements de terre peuvent passer inaperçus pour les personnes en mouvement ou dans des environnements bruyants ». A l’inverse, « le fait d’être au repos, et bien sûr dans une pièce ou un espace calme, augmente évidemment les chances ; le fait d’être à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur, où les objets générant des bruits de cliquetis sont nombreux, augmente la probabilité de remarquer un petit tremblement de terre ou de le distinguer d’un simple camion qui passe ».
A noter : Au-delà du ressenti physique du tremblement de terre, il y a également ses conséquences psychologiques. Le séisme de vendredi n’a fait que deux blessés légers, mais de nombreux habitants ont fait part de leur détresse dans les zones les plus concernées par les dégâts matériels. Une cellule psychologique a ainsi été rapidement mise en place à Mauzé-sur-le-Mignon. De nombreuses études ont montré qu’environ un quart des personnes ayant vécu un tremblement de terre étaient à risque de développer un syndrome de stress post-traumatique.