Stress post- traumatique : une piste pour calmer la peur envahissante

05 avril 2023

Comment le stress post-traumatique se déclenche-t-il ? Par quels mécanismes la peur est-elle capable de s’emparer de nos émotions à ce point ? Eclairages sur les approches thérapeutiques à privilégier pour atténuer la charge physique comme mentale.

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Que se passe-t-il dans le cerveau des patients souffrant d’un stress post-traumatique ? En 2020, le Pr Pierre Gagnepain, chercheur à l’Inserm*, relayait les résultats de l’étude Remember. L’auteur de ce travail s’était penché « sur la construction et l’évolution de la mémoire en lien avec les attaques terroristes ayant touché Paris en 2015 ». L’objectif étant « d’explorer les effets d’un événement traumatique sur le cerveau et les mécanismes de résilience », relai-t-il sur le site echosciences-normandie.fr.

Qu’était-il ressorti de l’écoute des 1 000 survivants, proches des victimes, forces de l’ordre et professionnels de santé présents sur les lieux, tous inclus dans l’étude ? Pour la moitié des participants, ce syndrome de stress post-traumatique se traduit par « des souvenirs intrusifs — des images, des sensations, des émotions associées au traumatisme vécu qui surgissent brutalement, à tout moment ».

Si la moitié de la cohorte semble avoir été épargnée par un syndrome de stress post-traumatique, est-ce à dire que notre cerveau réagirait différemment après l’exposition à un traumatisme ? Oui, certains d’entre nous « parviennent à inhiber ces souvenirs intrusifs », détaillent les chercheurs, du moins pendant un certain temps car il peut arriver que le syndrome de stress post-traumatique se réveille à distance des événements. En cause ? Entre autres des différences très nettes de structures de l’hippocampe, régions du cerveau où se logent nos souvenirs, entre « les individus non exposés aux attentats ; les individus exposés aux attentats et présentant un trouble de stress post-traumatique ; les individus exposés aux attentats et résilients ».

A l’origine de la peur permanente

Dans une autre étude publiée le 13 mars, des chercheurs de l’Inserm ont cherché à comprendre les mécanismes par lesquels ce traumatisme peut devenir aussi envahissant au quotidien. Et ce au point « d’altérer la capacité à gérer les émotions et d’induire un sentiment de peur quasi permanent », souligne l’équipe du Dr Stéphanie Daumas**. Une peur « généralisée qui tétanise dans des contextes a priori non anxiogènes ». Et qui génère « un handicap important » à l’origine de modifications des « habitudes et des comportements pour ne pas se retrouver quotidiennement paralysées par la peur ».

Une étude à ce jour menée chez l’animal : ils ont ainsi isolé chez la souris une protéine retrouvée dans certains neurones de régions cérébrales sièges de la mémoire et de la peur : il s’agit du transporteur VGLUT3, a priori impliqué dans ce mécanisme de peur invasive. Et donc potentiellement la cible de prochains traitements.

Vers de nouveaux traitements ?

De façon générale, cette meilleure compréhension du stress post-traumatique permet d’élaborer « de nouvelles stratégies thérapeutiques permettant de contrer ces intrusions, sources de grande détresse pour les personnes concernées ».

Et de compléter l’arsenal déjà déployé mais insuffisant en certains points : « des séances de psychothérapies, souvent associées des médicaments (sédatifs, antidépresseurs, anxiolytiques) dont l’efficacité est cependant limitée », atteste l’équipe de Stéphanie Daumas. « Disposer de traitements médicamenteux d’action plus spécifique pourrait changer la donne pour les patients. » Il serait possible de proposer davantage de thérapies cognitivo-comportementales pensées « sur le modèle de dissociation de la peur et des situations vécues ».

A noter : les attentats, les guerres ou les catastrophes naturelles ne sont pas les seules situations génératrices d’un syndrome de stress post-traumatique. Ces contextes sont bien sûr des plus violents. Mais certaines situations parfois plus personnelles et intimes (violences sexuelles, violences conjugales verbales et/ou physiques…) peuvent générer cet état de vulnérabilité.

*neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine – nimh | umr-s 1077 unicaen-ephe-inserm

** l’équipe Neuropharmacologie des VGLUTs au laboratoire Neuroscience Paris-Seine de l’Institut de biologie Paris-Seine (unité 1130 Inserm/CNRS/Sorbonne Université), à Paris.

  • Source : Inserm, le 13 mars 2023 – Science, 2020

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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