Sel : le SOS des enfants…
15 novembre 2010
Il devrait être possible de réduire de 44% à 63% le nombre des adolescents hypertendus aux Etats-Unis, simplement en réduisant de 30% les apports de sel alimentaire aux enfants… « En réduisant la quantité de sel dans nos plats préparés, nous pourrions permettre à ces adolescents de vivre encore bien des années sans hypertension artérielle » a lancé le Pr Kirsten Bibbins-Domingo devant le congrès de l’American Heart Association, qui se tient actuellement à Chicago (Etats-Unis).
Il n’y a pas qu’en France, que la bataille du sel est relancée… Aux Etats-Unis aussi la surconsommation de sel est ressentie comme un vrai problème de santé publique. Ainsi Kirsten Bibbins-Domingo, professeur de Médecine et d’Epidémiologie à l’Université de Californie San Francisco, s’inquiète-t-elle de voir que les adolescents de son pays consomment « en moyenne 9 grammes de sel par jour ». A titre indicatif, le chiffre officiel serait en France de l’ordre de 7 à 10 grammes par jour selon les estimations. Les pouvoirs publics, ici comme ailleurs pèsent pour obtenir sa réduction…
Gare aux pizzas…
Principaux accusés, les plats cuisinés et préparations toutes faites. A en croire le National Center for Health Statistics américain, la pizza figurerait au tout premier rang des pourvoyeurs de sodium chez les jeunes ! La pizza donc mais aussi les plats préparés dans leur ensemble, qu’ils proviennent de l’industrie ou… de la cuisine familiale.
Une simple réduction de 1 gramme par jour permet déjà de réduire la tension artérielle systolique de 0,8 mm de mercure. Mais Kirsten Bibbins-Domingo souligne qu’en la diminuant de 3 grammes par jour « on ramène alors l’apport quotidien en sodium des ados dans les valeurs normales ». Et cela suffirait selon elle, pour améliorer sérieusement les chances de ces adolescents une fois qu’ils auront atteint l’âge adulte… ou la maturité.
Trois grammes de sel en moins chaque jour pour les ados, cela signifierait lorsqu’ils auront atteint la cinquantaine :
– Entre 7 % et 12% de maladies coronariennes en moins. En chiffres bruts, 120 000 à 210 000 malades sauvés ;
– Une réduction de 8% à 14% (36 000 à 64 000) du nombre d’infarctus du myocarde ;
– Entre 5% et 8% d’AVC en moins (16 000 à 28 000) ;
– Et une réduction des morts toutes causes confondues, située entre 5% et 9%. Soit de 69 000 à 120 000 vies sauvées.
Bien sûr, il s’agit là de projections issues d’un « modèle mathématique ». Elles recouvrent cependant des réalités qui n’ont rien de virtuel. Les Etats-Unis disposent d’une organisation qui regroupe des représentants des pouvoirs publics et des professionnels de santé, ainsi que des industriels. Cette National Sodium Reduction Initiative coordonne les efforts pour diminuer la teneur en sodium des aliments industriels. Comme en France. Même s’il n’a pas été prononcé à Chicago, le mot d’ordre de cette action pourrait être « SOS ». Mais au lieu de « Save Our Souls » (Sauvez nos âmes), sa signification pourrait être « Spare On Salt » comme « Economisons le sel »…