Sclérose en plaques : 5 symptômes annonciateurs
12 décembre 2023
Quels sont les signes avant-coureurs de la sclérose en plaques ? Faisons le point sur ces ressentis parfois éprouvés des années durant, bien avant que le diagnostic ne tombe.
Amandine, patiente diagnostiquée pour une sclérose en plaques (SEP) à l’âge de 16 ans, après 7 ans d’errance thérapeutique, le confie volontiers : « Combien de fois les médecins m’ont-ils dit : mais c’est dans votre tête ! Ils me disaient même que j’étais folle. » Et ce lorsqu’Amandine décrivait des fourmillements dans les mains, une fatigue chronique, des vertiges, des nausées, des phases dépressives ou encore des troubles digestifs et de la marche. Ces symptômes sont pourtant souvent caractéristiques de la SEP. Cette maladie neurologique affectant à ce jour 120 000 Français dont deux-tiers de femmes, avec un âge moyen au diagnostic de 32 ans tous sexes confondus.
Dépression, troubles sexuels, constipation, cystite…
Selon des chercheurs français, il serait possible de faire le lien entre certains symptômes et la survenue de la SEP, avant même que la maladie ne s’exprime.
Pour le prouver, l’équipe des Prs Octave Guinebretiere et Thomas Nedelac* a passé en revue quelques 113 symptômes sur une période de 5 ans, auprès de « 20 174 patients avec une sclérose en plaques, 54 790 patients sans sclérose en plaques, et 37 814 patients affectés par deux maladies auto-immunes qui, comme la SEP, touchent principalement les femmes et les jeunes adultes, en l’occurrence 30 477 patients souffrant d’une maladie de Crohn et 7337 d’un lupus ».
Résultat, les patients développant « une SEP présentent davantage de dépression, de troubles sexuels, de constipation, de cystites et autres infections des voies urinaires » dans les 5 ans précédant leur diagnostic. « Ces symptômes persistaient et augmentaient d’ailleurs durant les cinq années après le diagnostic. »
Retarder au maximum l’apparition du handicap
Reste que ces symptômes, également associés à la maladie de Crohn ou au lupus, « ne suffiront pas à poser un diagnostic précoce, mais ils nous aideront certainement à mieux comprendre les mécanismes de la sclérose en plaques — dont les causes sont multiples — et à reconstituer son histoire naturelle », relève le Pr Guinebretiere.
« L’enjeu aujourd’hui est de détecter la maladie au plus tôt, bien avant que les lésions soient visibles par IRM, dans l’espoir de retarder au maximum l’apparition du handicap », espère la Pr Céline Louapre, neurologue à l’hôpital Pitié-Salpêtrière et responsable du centre d’investigation clinique de l’Institut du Cerveau. « L’une des grandes difficultés de la sclérose en plaques est [en effet] que nous n’observons pas de correspondance stricte entre la gravité des lésions présentes sur les fibres nerveuses et les symptômes des patients. Cela limite considérablement notre capacité à prédire l’évolution de la maladie ».
Fort heureusement, la plupart des patients présentant ces symptômes ne développeront jamais de SEP ou autres maladies auto-immunes. Mais « dans certaines formes familiales de sclérose en plaques par exemple, ces signes contribueront à alerter au plus tôt, et peut-être à intervenir au niveau thérapeutique ».
A noter : Première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes, la SEP se caractérise par une altération de la gaine de myéline entourant les fibres nerveuses. Une gaine censée assurer un bon afflux entre le neurone et sa cellule cible.
*Sorbonne Université, Paris Brain Institute – ICM, Inserm, CNRS, Inria, Paris, France
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Source : Institut du Cerveau, le 6 décembre 2023 – Neurology, le 5 décembre 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet