Septicémie bactérienne du nouveau-né : diviser par 2 la prise d’antibiotiques ?

27 février 2017

La septicémie néonatale résulte d’une infection bactérienne transmise de la mère au fœtus pendant la grossesse. Et qui se déclenche à la naissance. Des chercheurs ont développé une méthode capable de prédire ce risque pour protéger au mieux le nouveau-né. Une avancée permettant de mieux cibler les profils à risque et ainsi d’éviter les injections d’antibiotiques trop souvent automatiques.

Infection grave, la septicémie bactérienne néonatale peut dégénérer en méningite voire mettre en péril le pronostic vital du nourrisson. « Aux Etats-Unis, 15% des nouveau-nés sont soumis à des examens sanguins et 5% à 8% des nouveau-nés reçoivent un traitement antibiotique en prévention, dans l’attente des résultats », expliquent des scientifiques américains (Université de Pennsylvanie et de Californie).

Or il est « toujours complexe pour de jeunes parents de voir leur enfant hospitalisé dans un service de soins intensifs et/ou sous injection intraveineuse d’antibiotiques dès ses premiers jours de vie ». Pour éviter les prises en charge trop lourdes et invasives, « nous devons trouver un moyen de réserver les antibiotiques aux enfants présentant un risque élevé d’infections bactériennes. Et non pas d’avoir recours à cette médication de façon automatique dans des cas qui ne le nécessitent pas ».

600 000 dossiers à l’étude

Dans ce sens, l’équipe du Pr Michael Kuzniewicz a mis au point une méthode efficace dans la mesure du risque chez le nouveau-né de développer cette infection bactérienne. Ce calculateur de risque en ligne permettant d’intervenir en amont en cas de profil à risque. Il aide aussi les médecins à évaluer la nécessité de prescrire des antibiotiques au nouveau-né et donc d’éviter les recours excessifs.

Ce calculateur a été mis au point à partir de l’analyse de dossiers médicaux de 600 000 enfants nés à l’hôpital de Boston et dans des établissements Kaiser Permanente en Californie du Nord. Cet outil utilise l’âge gestationnel, le moment de la rupture des membranes, la température maternelle et l’utilisation éventuelle d’antibiotiques in utero pour calculer le risque de septicémie néonatale. « Cette méthode est si efficace pour évaluer les profils à risque qu’elle permet de diviser par deux l’usage d’antibiotiques chez le nouveau-né », expliquent les scientifiques.

Renforcer le système immunitaire du petit

« Ce recul de l’utilisation d’antibiotiques permet aux mères de rester en contact avec leurs enfants dans les jours suivant la naissance », souligne une autre chercheur associée à l’étude, le Pr Allen Fischer. Et permet ainsi « le peau-à-peau et l’allaitement », deux liens essentiels renforçant le système immunitaire des petits. Dernier avantage de cette prise en charge plus ciblée, « limiter les risques associés aux injections d’antibiotiques chez le nourrisson  comme le développement d’un asthme, d’obésité ou de maladies auto-immunes ».

  • Source : Jama Pediatrics, le 23 février 2017

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

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