Soigner en beauté
02 mars 2011
Chute des cheveux, des cils et des sourcils, amaigrissement, altérations de la silhouette et atteintes à la féminité en cas d’ablation d’un sein… Certaines maladies et notamment les cancers, sont lourdes de conséquences physiques. L’image de soi en est fortement altérée, et les relations aux autres peuvent en pâtir. Pour apporter un peu de bien-être et restaurer la confiance en soi, des associations offrent aux malades des ateliers de maquillage et de coiffure, ou des séances de mise en beauté.
Certains services hospitaliers ont également mis en place des séances de soins à visée esthétique. L’association Cosmetic Executive Women (CEW) France par exemple, propose gratuitement des soins esthétiques aux malades hospitalisées. Et cela depuis 1992, date de l’ouverture de son premier Centre de Beauté à l’Institut Gustave Roussy (IGR) de Villejuif. Depuis lors en France, les patients de 23 hôpitaux bénéficient de ces soins pas comme les autres.
« La maladie amoche sur le plan physique. Elle altère parfois même la féminité, lorsqu’une patiente subit l’ablation d’un sein par exemple », explique Sandra Rolland, socio-esthéticienne de CEW France. Oncologie, dermatologie, gérontologie, soins palliatifs… Sandra intervient dans de nombreux services hospitaliers. Elle y réalise ses soins esthétiques selon les cas, soit dans une cabine dédiée soit dans la chambre même de ses malades. « Nous apportons à l’attention au corps, une dimension différente de celle qui est procurée par les traitements médicaux », précise-t-elle. Une attention qui vise la détente. « Etre touché autrement que pour des gestes techniques, pour un soin non douloureux, c’est pour le patient un moment à part », ajoute Marie-Amélie Serfali, psychologue dans le service de Cancérologie de l’Hôpital Saint-Antoine, à Paris.
En collaboration avec les médecins
Manucure, maquillage, gommage du visage ou massages… Les soins proposés sont variés, et le « menu » est affiché dans les chambres. Les patients peuvent ainsi choisir eux-mêmes l’option qu’ils préfèrent, tout comme dans un institut de beauté. « Bien sûr, chaque séance est décidée en collaboration avec l’équipe médicale. C’est elle qui ajuste au mieux le choix du soin. Nous adaptons par exemple les produits en fonction de l’état de la peau », nous explique Sandra Rolland. Il est des patientes par exemple, auxquelles peu de soins sont adaptés. Toutefois même dans ces conditions, « une simple manucure procure le plaisir de contempler une jolie main. Une façon de se sentir encore femme malgré la maladie », insiste notre esthéticienne.
D’une manière générale, les malades souffrent de voir leur image dégradée, surtout lorsque leur état est grave et nécessite une hospitalisation prolongée. « Une partie des patients se lave dans le noir pour ne pas voir l’image que leur renvoie le miroir », raconte avec tristesse Sandra Rolland. Dans ces conditions, les bienfaits apportés par les soins esthétiques sont incontestables. Et les hommes, alors ? « Eux aussi apprécient les soins. Il s’agit davantage de massages du dos, des mains, des jambes et du visage, toujours dans une ambiance de musique douce. Ce moment est important. Il permet au patient de s’évader de l’hôpital pour quelques instants », souligne Sandra Rolland.
Un luxe ?
« Lorsque la maladie s’installe, le patient a l’impression de n’être plus qu’un malade. Le soin esthétique l’aide alors à retrouver sa place en tant que personne », renchérit Marie-Amélie Serfali. « Ce n’est absolument pas un luxe. Et d’ailleurs, les soignants trouvent que ces interventions sont formidables ». Exister au regard des autres, c’est important pour chacun de nous. Lorsqu’une patiente est maquillée, pomponnée, « elle retrouve l’espoir d’être’, désirable », ajoute la psychologue. L’esthétique prend alors une dimension pleinement valorisante. Et lorsqu’« après quelques séances, certaines patients se remaquillent, choisissent une jolie perruque, suivant les conseils prodigués par l’esthéticienne », c’est une vraie victoire contre la maladie.
Pour aller plus loin : consultez les sites de l’association La vie de plus belle et d’Any d’Avray.
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Source : Les Centres de Beauté Cosmetic Executive Women (CEW) France, 2011 ; interview de Sandra Rolland, socio-esthéticienne, 1er février 2011 ; interview de Marie-Amélie Serfali, psychologue dans le service cancérologie de l’Hôpital Saint-Antoine, Paris, 1er février 2011