Sommeil : que valent les dispositifs connectés ?
06 décembre 2022
Performances sportives, stress, tension, glycémie… On peut désormais (presque) tout mesurer avec les dispositifs connectés. Même la qualité de son sommeil, promettent bracelets et montres connectés. Vraiment ?
Son, fréquence cardiaque et suivi des mouvements : voilà les principales données recueillies et analysées par des appareils connectés pour mesurer la quantité et la qualité de votre sommeil. Mais s’ils se montrent globalement pertinents pour distinguer les phases de sommeil et d’éveil, ils sont, malgré leur promesse, peu performants pour différencier les différents cycles du sommeil (sommeil léger, profond et paradoxal).
Voilà la conclusion d’un article rédigé par trois spécialistes australiens du sommeil, publiés par le média indépendant The Conversation. Elle s’appuie sur les quelques études parues sur cette thématique, peu nombreuses compte tenu de la nouveauté du sujet, et sur de petits échantillons. Elles sont toutefois plus fiables que les arguments marketing des fabricants.
Contre-productif…
Surtout, ces dispositifs connectés ont donné de l’ampleur à un nouveau phénomène étroitement lié aux objets connectés, écrivent Maximilian de Courten, Moira Junge et Shantha Rajaratnam. Il s’agit de l’orthosomnie, « un phénomène anxieux qui touche les personnes obsédées par les résultats de leurs applications ou dispositifs de suivi de sommeil ».
Et qui produit des effets pervers : obnubilés par la quête du sommeil parfait, les « orthosmniaques » « font davantage confiance à ces données plutôt qu’à des tests plus objectifs, comme un examen complet du sommeil mené durant toute une nuit dans une clinique spécialisée ». Ils peuvent aussi, par exemple, adopter des comportements contre-productifs pour améliorer les données collectées et atteindre leurs objectifs. Comme passer plus de temps au lit, ce ne garantit pas du tout un meilleur sommeil.
Entre six et neuf heures
Or, rappellent les auteurs, « tout un chacun est naturellement soumis à un degré assez élevé de variation du sommeil ». Autrement dit, la nuit parfaite n’existe pas, et tant que votre quantité de sommeil se situe dans une fourchette comprise en six et neuf heures (pour un adulte), il est inutile de s’inquiéter.
En revanche, « si la qualité de votre sommeil vous préoccupe et constitue une source d’anxiété », mieux vaut consulter un professionnel plutôt que de vous fier à des dispositifs… insuffisamment fiables, et qui peuvent vous conduire à « mettre en place des schémas de stress et d’éveil qui exacerbent les problèmes de sommeil au lieu de les régler ».