Sous le déguisement de votre enfant ? Des émotions en pagaille

30 octobre 2024

La fête d’Halloween constitue pour les enfants une occasion unique de se glisser dans la peau d’une sorcière, d’un vampire, d’une chauve-souris ou autre… citrouille ! En quoi le déguisement peut-il contribuer à leur développement ?

Cela commence souvent par le fait de glisser les pieds dans la chaussure de maman, de papa ou d’un grand-parent… « Vouloir ressembler à un autre ou faire comme s’il était cet autre : le déguisement sert justement à ça », souligne Sophie Tournesac, psychologue clinicienne. Ces envies de changer de peau débutent généralement vers 3-4 ans. « Avant cet âge, les enfants ne parviennent pas toujours à adopter la distance nécessaire entre l’imaginaire et la réalité ». Autrement dit, ils peuvent véritablement prendre peur et se sentir menacés face à un déguisement.

Affirmer sa force

A travers celui-ci, l’enfant s’essaie à différentes identités. « Chez les petits, l’on parle de jeu symbolique », poursuit-elle. « En se déguisant, l’enfant tente de pallier cette frustration en lui, de ne pas être grand et de pouvoir ainsi jouir de pouvoirs magiques ». Comme le fait de montrer une force et une puissance – qu’il n’a pas – et de combattre – il n’en n’a pas forcément le droit dans la vraie vie…- sous un habit, par exemple de policier ou de pirate.

Jouer avec ses peurs

« L’enfant sort ainsi de la réalité dans laquelle il évolue pour exprimer des émotions qui n’ont pas de place dans cette réalité », enchaîne Sophie Tournesac. Il ou elle joue au docteur ou à l’infirmière, sous sa blouse blanche ? Au-delà de l’envie de ressembler à ce professionnel de santé, « ce peut aussi être une manière de dépasser sa peur des piqûres », renchérit-elle. L’enfant côtoie donc ses propres peurs, comme pour mieux les appréhender. Le fantôme ? Voilà un excellent moyen de jouer à faire peur à ses parents ! « Une façon d’inverser les rôles »…

Canaliser ses émotions

Dans tous les cas, « être quelqu’un d’autre aide à exprimer des émotions voire à les canaliser », synthétise la psychologue. Le meilleur exemple ? « Le petit qui joue au vampire exprime ainsi une forme d’agressivité qu’il peut avoir en lui en se mettant dans la peau d’une sorte d’animal féroce ».

Booster sa créativité

Par ailleurs, inutile de tirer des conclusions trop hâtives sur le choix de tel ou tel déguisement. « Un petit garçon qui se déguise en fille ? Ça ne révèle rien de sa personnalité », reprend la psychologue. « Il essaie juste de comprendre ce que signifie d’être dans la peau d’une fille ». Une façon également de dire qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais déguisement. Celui-ci « révèle surtout la créativité de l’enfant ». Il fait appel à son imaginaire jusque dans le jeu qui s’ensuit, avec l’instauration de règles inventées sur le champ, avec ses amis.

Au passage, à l’occasion d’Halloween ou d’un jeu lors d’une fête d’anniversaire, il n’est pas indispensable de lui acheter un déguisement tout fait. Vous avez certainement des habits et autres accessoires (chapeaux…) inutilisés de longue date. Glissez-les dans une malle, expliquez aux enfants qu’ils peuvent en faire ce qu’ils souhaitent. Et… observez le résultat !

  • Source : Interview de Sophie Tournesac, 28 octobre 2024

  • Ecrit par : David Picot - Edité par Emmanuel Ducreuzet

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