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Les athlètes de haut-niveau ont-ils plus de filles que de garçons ? Une discipline sportive, pratiquée de manière intensive, peut-elle influencer le sexe de la progéniture des athlètes ? C’est ce qu’a voulu savoir une équipe franco-suisse de chercheurs, dont les travaux ont été publiés en juillet 2025 dans la revue Scientific reports. Pourquoi se sont-ils posés cette question ? « Il se disait que les sportifs d’endurance avaient plus de filles… En discutant et en prenant pour exemple nos connaissances, ou d’illustres athlètes, cette rumeur semblait se confirmer », expliquent Favier François de l’université de Montpellier, Florian Britto de l’Université Paris Cité et Grégoire Millet, de l’université de Lausanne, dans un article publié dans The Conversation le 18 septembre.
Dans le monde, on compte 1,04 naissance masculine pour 1 naissance féminine – on parle de sex-ratio de 1,04. Selon les auteurs de l’étude, ce chiffre peut être influencé par des facteurs socio-économiques, physiologiques ou psychologiques. « Par exemple, il a été démontré que les traumatismes liés à des catastrophes naturelles ou à des attentats terroristes augmentent les naissances féminines », expliquent-ils dans Scientific Reports. Les athlètes de haut niveau étant exposés à plusieurs facteurs de ce type, le sex-ratio est-il influencé dans ce sous-groupe de population et comment ?
Pour mener ce travail, les chercheurs ont épluché les données de 2132 athlètes, qui avaient engendré 2995 naissances. Différents sports étaient représentés, 1597 athlètes évoluaient en équipe nationale. L’échantillon comptait moins de 20 % de sportives, par manque de disponibilité des données selon les chercheurs.
L’âge des sportifs, leur discipline, les dates de début et fin de carrière, l’année de naissance de leur progéniture ainsi que le sexe des enfants ont été pris en compte. Les résultats ont ensuite été comparés à ceux de la population générale. Ils ont ainsi observé que chez les sportifs de haut niveau, le sex-ratio était de 0,98 naissance garçon pour une naissance fille, inférieur à celui de la population générale.
Autre enseignement de ce travail, les athlètes d’endurance ou de précision sont plus susceptibles d’avoir des filles que des garçons par rapport aux athlètes de discipline mixte ou de force. La discipline pratiquée est d’ailleurs le critère qui pèse le plus lourd (par rapport au sexe de l’athlète, son âge, une naissance durant ou après la fin de carrière…). Les chercheurs ont ainsi constaté des écarts très importants entre les sports : dans le tennis, on atteint un pourcentage de 56 % de garçons contre 35 % de naissances masculines dans la course de fond/demi-fond.
Des différences s’observent aussi en fonction du sexe de l’athlète. « Les sportives mettent au monde significativement moins de garçons que les sportifs (0,85 garçon pour 1 fille, contre 1,02 pour 1 chez les hommes) », ajoutent les auteurs dans The Conversation.
Au sein du sous-groupe de sportifs qui pratiquent l’endurance ou les sports de précision, les sportives ont 0,7 garçon pour 1 fille, contre 0,91 chez les hommes. « Chez elles, la probabilité d’avoir une fille ou un garçon est de 63 % contre 37 %, alors que c’est environ 49 contre 51 % dans la population mondiale. » Et le sex-ratio chute encore, à 0,581 si l’athlète a eu son bébé durant sa carrière.
Comment expliquer ces résultats ? Parmi les hypothèses retenues, un profil hormonal particulier chez les sportives féminines et un taux élevé de cortisol ; la dépense énergétique liée au sport de haut niveau serait davantage défavorable aux fœtus mâles que femelles. Le nombre d’heures passées à s’entraîner, l’intensité de l’entraînement, mais aussi la situation financière, le bilan alimentaire et le profil du partenaire pourraient aussi influencer le sexe des enfants… De nouvelles études seraient nécessaires pour explorer l’ensemble de ces pistes.
Source : Scientifics Reports, The Conversation
Ecrit par : Dorothée Duchemin ; Édité par Emmanuel Ducreuzet