Suicide : quelle incidence chez les professions agricoles ?
24 juillet 2018
692 suicides sont survenus entre 2007 à 2013 chez les travailleurs associés à la Mutualité sociale agricole ©Phovoir
Le métier d’agriculteur est connu pour exposer à un risque élevé de suicide. Mais qu’en est-il de tous les travailleurs (agriculteurs, exploitants et autres métiers liés à ce secteur) affiliés à mutualité sociale agricole (MSA) par rapport à la population générale ?
Pression financière, épuisement physique, isolement social… ces facteurs de risque augmentent la prédisposition des agriculteurs au suicide. Des études menées sur des échantillons de ce corps de métier ont déjà été publiées.
Mais jamais les données exclusives des agriculteurs affiliés à la mutualité sociale agricole (MSA) n’ont été calculées. D’autres professions liés à ce secteur, « en particulier la construction, le secteur tertiaire avec notamment les assurances, les banques et l’enseignement » ont été également étudiées.
Près de 3 millions de travailleurs issus de 7 secteurs professionnels
Pour en savoir plus, les auteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire ont analysé le taux de suicide dans ce groupe de travailleurs comparé à la population générale, entre 2007 et 2013. Au total, 2 860 896 travailleurs dont 1 671 170 hommes et 1 189 726 femmes ont été inclus dans l’étude. Tous les affiliés avaient entre 15 et 64 ans.
Sept groupes professionnels ont été formés : « cultures et élevages », « travaux forestiers », « entreprises de travaux, entreprises artisanales rurales », « coopération (stockage et conditionnement de produits agricoles, abattage, découpe…) », « organismes professionnels agricoles (Mutualité agricole et Crédit agricole) », « activités diverses (enseignant de certains établissements privés techniques agricoles) ».
Entre les lignes de la sous-mortalité
Résultats, de 2007 à 2013, un total de « 692 suicides sont survenus chez les salariés affiliés à la MSA, 613 chez les hommes et 79 chez les femmes. Chez les hommes, la mortalité par suicide observée chez les salariés affiliés à la MSA (…) était de 19% inférieure à celle (…) de la population générale française. Cette sous-mortalité était de 54% chez les femmes. »
Un risque moindre par rapport à la population générale « classiquement observé dans la surveillance des cohortes professionnelles ». Mais comme le précisent les auteurs du BEH, cette sous-mortalité s’explique par le fait que « les personnes n’étant pas en état de travailler (personnes atteintes de pathologies chroniques par exemple) ou sorties de l’emploi pour des raisons de santé sont, de fait, exclues de la population en activité professionnelle ». Donc pas prises en compte dans l’étude.
Quels modes opératoires ?
Autres points, « le mode opératoire de suicide le plus courant chez les hommes comme chez les femmes, était la pendaison (65,7% des suicides chez les hommes, 54,4% chez les femmes) ». Dans la population masculine, « le second mode opératoire le plus fréquent était le suicide par armes à feu (18,4%) », contre 1,3% chez les femmes. Dans la population féminine, « le second mode opératoire était l’intoxication médicamenteuse (19%), qui n’était retrouvé que dans 3,4% des suicides masculins ».
A noter : dans un second temps, les chercheurs publieront les données sur « les caractéristiques des personnes décédées par suicide au sein des salariés ».
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Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, le 24 juillet 2018
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet