Suicide : une prévention efficace ?
02 février 2016
Le taux de décès par suicide en France est trois fois plus élevé comparé aux taux de mortalité liés aux accidents de la circulation Marjan Apostolovic/shutterstock.com
Chaque année, 10 000 à 11 000 Français mettent fin à leur jour. Et 80 000 hospitalisations liées à une tentative de suicide sont répertoriées. L’Observatoire national dédié vient de remettre son 2e rapport à la ministre de la Santé. Enjeu, « chercher à expliquer ce que beaucoup considèrent inexplicable, mais qui constitue (…) pour des milliers de Français une dramatique échappatoire ».
Rendu en 2014, le premier rapport de l’Observatoire nationale du suicide détaillait les inégalités hommes-femmes, sociales et territoriales face à la problématique du passage à l’acte. La version 2015 « Suicide. Connaître et prévenir : dimensions nationales, locales et associatives » vient d’être rendue à Marisol Touraine.
Principal point évoqué, les facteurs de risque poussant un individu à mettre fin à ses jours : « l’influence du milieu social, du milieu de vie, de l’état de santé, des cas de harcèlement au travail… ».
Lutter contre les inégalités
« Le suicide est peut-être l’acte individuel le plus absolu, mais il est aussi révélateur d’un échec collectif », souligne la ministre de la Santé. A ce sujet, les auteurs du rapport font le point sur les bénéfices de « l’inclusion sociale » dans la vie de tous les jours pour limiter l’isolement (maintien dans l’emploi, engagement associatif…). Mais aussi sur la lutte menée « contre les violences sexistes et sexuelles, contre les discriminations, le harcèlement et le burn-out ». Ces situations exposent en effet les victimes à une fragilité accrue, peuvent favoriser un terrain dépressif voire déclencher le passage à l’acte.
L’une des clés pour éviter ces situations, accompagner les plus fragiles mais aussi agir en amont « en luttant contre les inégalités d’accès aux soins », rappelle la ministre de la Santé. Il s’agit de renforcer cette prévention auprès des Français en situation de précarité liée à leur activité professionnelle (métiers du secteur agricole…), à leur mode de vie (familles monoparentales, couples à revenus modestes…), à leur orientation sexuelle mais aussi auprès des détenus isolés en milieu carcéral.
Deux autres travaux sur la question du suicide seront remis dans les semaines à venir au ministère de la Santé : le rapport du Haut Conseil pour la santé publique (HCSP) et le rapport d’évaluation du plan psychiatrie et santé mentale.
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Source : Observatoire national du Suicide, Ministère de la Santé, des Affaires sociales et du Droit des femmes, le 2 février 2016
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Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Vincent Roche