Syndrome de stress post-traumatique : des profils différents ?
18 février 2020
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Sommes-nous tous égaux face au stress ? A priori non. Mais qu’en est-il du risque de syndrome de stress post-traumatique ? Les cerveaux, les corps et les ressources diffèrent-ils en fonction de chacun ? Le point de vue de Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris.
Destination Santé : Toutes les personnes exposées à un traumatisme développent-elles un syndrome de stress post-traumatique ?
Johanna Rozenblum : Non, entre 5 et 10% des personnes exposées à un événement à caractère traumatique seraient susceptibles de développer un trouble de stress post-traumatique. Mais la prévalence peut être de 25 à 75% pour les victimes directes d’attentats ou de scènes de guerre au cours de l’année qui suit l’événement, et 5 à 40% chez les membres des équipes de secours intervenus sur l’événement
DS : Est-ce qu’il se passe la même chose dans le cerveau de tous les patients ?
JR : Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’après un événement traumatique, le souvenir revient et s’impose sans cesse (sauf dans le cas de l’amnésie traumatique). Il y a une hyperactivité de l’hippocampe qui génère du stress par sécrétion excessive de cortisol. L’hippocampe active l’amygdale, le [centre] de [régulation] des émotions [alors perturbé chez le patient]. Ceci expliquerait, entre autres, les réactions de souvenirs intrusifs ainsi que l’état d’hypervigilance constante. Les progrès en neuro-imagerie ont permis de montrer que les cerveaux des personnes exposées à un événement traumatique n’est pas semblable à celui des personnes non traumatisées.
DS : L’impact psychologique est-il le même pour chacun ?
JR : Il existe en effet des symptômes typiques. La dépression, l’anxiété viennent s’ajouter au risque social de l’isolement et du repli sur soi, renforçant une fois de plus le mal-être (incapacité de sortir, de travailler, de voir du monde, d’aller dans un endroit clos…). Les victimes se sentent perdues, incomprises, elles ne se reconnaissent plus et ont le sentiment de ne plus pouvoir rien entreprendre. Elles sont comme figées, bloquées dans leur trauma et l’entourage se retrouve bien démuni, plongé lui aussi dans un désarroi profond.
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Source : Interview de Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris, le 26 janvier 2020
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Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet