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En 1914, c’est la romancière américaine Dorothy Canfield Fisher dans son essai intitulé Mothers and Children qui évoque en premier l’expression Empty Nest Syndrome. Ou syndrome du nid vide, en français. Alors que les rires d’enfants emplissaient autrefois la maison, les parents s’y retrouvent seuls, parfois démunis face à cette nouvelle vie qui commence.
Le syndrome du nid vide se définit par « des sentiments multiples, de tristesse, d’abandon, voire d’inutilité », souligne Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne. Elle est l’auteure d’un ouvrage sur ce sujet, Le jour où les enfants s’en vont (Albin Michel Editeur – disponible en Poche). « Pour les parents qui ont plus ou moins organisé leur vie autour des enfants, les repères changent. Ils peuvent éprouver beaucoup de nostalgie à travers la perte de beaucoup des petites choses (habitudes, moments…) du quotidien ».
La spécialiste évoque des « intensités différentes, fonction des circonstances, de la personnalité du parent et de son histoire personnelle ». Référence par exemple « aux mères qui ont élevé leurs enfants seules et qui peuvent se trouver très désemparées ». Car à ses yeux, c’est aussi une question de « charge mentale, qui reste plus forte chez les mères ». Béatrice Copper-Royer ne nie pas non plus une forme « de crainte » du côté des parents qui se demandent : « Mon enfant est-il prêt à se débrouiller seul ? ».
Elle ajoute : « à un moment donné, il faut vraiment les lâcher, leur montrer que l’on a confiance en eux, qu’ils vont très bien se débrouiller. Ça leur donne de la force ».
Si les parents ont a priori le temps de préparer ce départ – « c’est quand même le but de l’éducation », glisse-t-elle – beaucoup s’avouent toutefois être « surpris par leur réaction et les émotions ressenties », constate la psychologue. « Parfois, les mères me disent : “mais je ne pensais pas du tout que ça me ferait ça” ». Son conseil pour passer le cap : « commencer par accepter ce sentiment de tristesse donc ne pas s’isoler, ne pas se renfermer sur soi, ne pas se dire qu’on est ridicule. Car on ne l’est pas du tout ».
En parler donc mais aussi en profiter pour faire de nouveaux projets : « préparer un voyage, démarrer une nouvelle activité sportive ou culturelle, faire des travaux, reprendre une ville sociale plus riche. Car mine de rien, c’est quand même du temps de libéré », sourit-elle.
La psychologue ne nie pas aussi « la question de se retrouver en couple » ! Elle poursuit : « les enfants peuvent faire écran dans une relation parentale. Ce peut être un moment de fragilité. Nous constatons d’ailleurs un risque de séparation plus élevé à ce moment-là de la vie », rapporte-elle. « L’enjeu est alors d’établir une fois encore des projets ensemble pour retrouver une intimité, une complicité qui, parfois, s’est un peu étiolée ».
Source : Interview de Béatrice Copper-Royer, 25 août 2025
Ecrit par : David Picot - Edité par Vincent Roche
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