Tabac info service : quelle efficacité sur le sevrage ?
28 mai 2024
Selon une étude de Santé publique France publiée ce mardi, un fumeur sur cinq en contact avec un tabacologue du dispositif Tabac info service a réussi à arrêter le tabac six mois après. Des chiffres qui devraient encourager une meilleure promotion de ce service, quasiment gratuit, selon l’agence national de santé.
Il faut composer le 39 89. Tabac info service, piloté par Santé publique France, a été lancé en 1998. Ces quitlines, dont les Etats-Unis sont précurseurs, sont des dispositifs téléphoniques d’aides à l’arrêt du tabac recommandés par de nombreuses instances ; la Haute autorité de Santé en France. Une étude publiée ce mardi 28 mai dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France évalue les effets du dispositif sur l’abstinence tabagique sur la période 2018-2020. Une première évaluation avait été menée sur la période 2012-2014.
Que propose Tabac info service ?
Pour entrer en contact avec le dispositif Tabac info Service, il faut composer le 39 89 ou demander à être rappelé via l’appli ou le site du même nom. « Le dispositif téléphonique TIS est organisé en deux niveaux de réponse : les téléconseillers du premier niveau informent et orientent les appelants, les incitant à bénéficier d’un entretien avec un tabacologue qui constitue le deuxième niveau de la ligne », précise Santé publique France.
Le tabacologue réalise dans un délai de trois jours un bilan tabagique personnalisé et, via plusieurs entretiens, accompagne la personne lors du sevrage.
Près de 50 000 appelants en 3 ans
Entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2020, 49 431 appelants ont été mis en contact avec un tabacologue. 321 n’avaient jamais fumé, 690 étaient ex-fumeurs et 2 617 avaient un statut tabagique non renseigné. Ces 3 628 personnes ont été exclues de l’analyse, qui a donc porté sur 45 803 fumeurs et personnes qui tentaient d’arrêter lorsqu’elles ont contacté Tabac info service.
86,5 % d’entre eux avaient accepté d’être rappelé six mois plus tard ; un moyen de documenter leur statut tabagique, évaluer le niveau de satisfaction des usagers et, le cas échéant, motiver ceux qui avaient repris la cigarette à initier une nouvelle tentative d’arrêt. « Parmi les personnes ayant accepté, plus de la moitié ont répondu au rappel du tabacologue (56,7 %), 40,0 % n’ont pu être jointes lors des 3 tentatives d’appel réalisées et ont été considérées comme injoignables, et 3,3 % ont pu être jointes mais ont refusé de répondre aux questions. »
Résultat ? 22,2 % se déclaraient non-fumeurs depuis au moins sept jours au moment du rappel. Pour comparaison, les taux d’abstinence à 6-12 mois se situent entre 3 % et 5 % parmi les fumeurs qui essaient d’arrêter sans aide.
Un dispositif qui gagnerait à être promu ?
Le score était plus élevé chez les personnes qui étaient déjà dans une logique de sevrage au moment de leur premier appel. Il tombait à 17 % parmi les autres fumeurs. Le score était aussi plus élevé parmi les vapoteurs, les personnes qui s’étaient fixées une date d’arrêt du tabac et ceux qui avaient bénéficié d’un plus grand nombre d’appels avec un tabacologue. Au contraire, il était plus faible chez les femmes, les fumeurs les plus dépendants, ceux ayant une autre addiction, un problème de santé et les personnes sans emploi.
Toutefois, le dispositif, quasiment gratuit, est une aide précieuse pour un fumeur sur cinq qui compose le numéro. Selon plusieurs études, on sait que les mesures de lutte anti-tabac influencent, à la hausse, le nombre de fumeurs qui appellent le service. De même que les campagnes de promotion du service ont un réel impact sur le nombre d’appelants. A partir de ces données, Santé publique France appelle à valoriser davantage le service, notamment auprès des fumeurs les plus précaires. L’agence plaide également pour la délivrance de traitement nicotinique de substitution en complément du soutien comportemental.
A noter : en France, la consommation de tabac est la première cause de mortalité évitable avec 13 % des décès attribuables au tabagisme. Avec une consommation la plus élevée d’Europe occidentale, 25,3 % des 19-75 ans fumaient quotidiennement en 2021. Ces données mettaient en lumière une hausse du tabagisme chez les femmes et chez les personnes les moins diplômées. C’est en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur qu’on trouve le plus de fumeurs où presque 30 % des hommes fument tous les jours.