Tabac : plaidoyer pour le remboursement de l’aide au sevrage
28 février 2003
A l’heure où se prépare le plan de lutte contre le cancer le Pr Bertrand Dautzenberg, Président de l’Office français de Prévention du Tabagisme plaide pour la prise en charge des substituts nicotiniques et des produits d’aide à l’arrêt du tabac.
A ses yeux, « cette mesure de santé publique aiderait non seulement à prévenir le cancer mais contribuerait aussi à diminuer les dépenses de santé ». Le spécialiste parisien s’appuie, par ailleurs, sur des arguments économiques qui ne manqueront pas d’interpeller gouvernement et parlementaires…
Bertrand Dautzenberg a en effet calculé que le coût d’une telle mesure s’élèverait à 50 millions d’euros par an pour l’Assurance maladie. « Mais dès la première année le bénéfice retiré de cette décision serait bien supérieur aux dépenses » poursuit-il exemple à l’appui. « En France, les enfants dont l’un des deux parents fume présentent un excès de maladies saisonnières de 57%. Si grâce au remboursement des produits d’aide à l’arrêt du tabac le tabagisme parental passe de 34% à 30%, le bénéfice en termes de dépenses de santé pour les enfants sera de… 50 millions. Soit le coût annuel du remboursement des substituts. Et il est possible de faire la même démonstration avec de nombreuses autres maladies ».
En plus des arguments économiques, Bertrand Dautzenberg insiste également sur le fait que « le remboursement ou la gratuité des médicaments d’aide à l’arrêt du tabac augmente vraiment le nombre de personnes qui arrêtent de fumer ».
Une telle question mérite enfin que nous jetions un coup d’oeil hors de nos frontières. Et comme le souligne Bertrand Dautzenberg il n’y a pas de doute : « Les pays qui surveillent le plus les dépenses de santé remboursent l’arrêt au tabac ». C’est le cas du Royaume-Uni où cette mesure est en vigueur depuis 2 ans, et aux Etats-Unis où un état sur deux a opté pour le remboursement, une pratique pourtant fort peu usitée chez l’Oncle Sam.