Tabac : hausse des prix en trompe-l’œil
13 décembre 2013
©Phovoir
L’Académie nationale de médecine déplore la volte-face du gouvernement sur l’augmentation du prix du tabac. La hausse initialement prévue de 40 centimes est en effet rabotée de moitié. Ce qui, n’aura aucun impact sur la consommation, regrettent les académiciens.
Pour l’Académie, « tous les experts s’accordent pour conclure que de vraies mesures de taxation bien mises en œuvre suffiraient pour réduire considérablement la mortalité et la morbidité dues au tabagisme ». Alors que le gouvernement avait envisagé une hausse de 40 centimes au 1er janvier 2013, le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve a confirmé que l’augmentation du prix des cigarettes sera limitée à 20 centimes. C’est bien peu pour espérer un impact au niveau de la consommation.
Lutter contre le lobby des cigarettiers
Pour les académiciens, « les augmentations dissuasives et répétées des taxes restent le seul moyen efficace pour endiguer le tabagisme mais aussi pour contrecarrer le lobby du tabac ». C’est d’ailleurs tout l’esprit de l’article 5.3 de la Convention Cadre de Lutte anti-Tabac (CCLAT) de l’OMS ratifiée par la France. « En définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac, les Parties doivent veiller à ce que ces politiques ne soient pas influencés par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac ».
L’Académie recommande de nouveau que, « conformément aux engagements internationaux de la France, le tabac et tous ses dérivés soient taxés à des taux suffisamment dissuasifs et sur la base d’augmentation systématiquement renouvelées ». Rappelons que selon un rapport de la Banque Mondiale, une augmentation de 10 % du prix de l’ensemble des produits du tabac induit en moyenne une baisse de 4 % de la consommation de tabac. En janvier la hausse sera de… 3% !
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot