Tabac : une «reculade» coûteuse… en vies humaines
01 décembre 2003
La décision du gouvernement français, qui renonce à augmenter de 20% les prix du tabac en janvier, fait la Une des colonnes politiques et économiques plutôt que celle des rubriques « Santé ». Pourtant, elle aura de lourdes conséquences sanitaires…
D’après la Banque mondiale en effet, l’augmentation des prix du tabac exerce un impact déterminant sur la consommation. Et donc sur la morbidité et la mortalité. C’est bien simple, une hausse de 10% induit une baisse de consommation de 4% à 8%. Ainsi pour 20% d’augmentation, il est permis d’attendre une chute de l’ordre de 8% à 16% de la vente de cigarettes.
Les spécialistes de la Banque Mondiale ont traduit ces pourcentages en chiffres bien réels. Elle estime ainsi qu’une augmentation des taxes de 10% au niveau mondial inciterait environ 42 millions de fumeurs à cesser de fumer. D’où un minimum de 10 millions de vie sauvées.
Ramené à l’échelle française, cela donne une équation toute simple, fondée sur le fait que notre pays compte aujourd’hui environ 15 millions de fumeurs. En n’augmentant les prix que de 10% au lieu de 20%, ce sont quelque 900 000 fumeurs qui ne s’affranchiront pas de leur habitude. D’où, en reprenant le modèle mathématique de la Banque mondiale, pas moins de 214 285 morts qui auraient été évités si le gouvernement avait tenu son cap !
Ruben Israel dirige les services d’information de GlobaLink, réseau mondial de communications de l’Union internationale contre le Cancer (UICC). A ses yeux, « il est clair qu’une augmentation des prix a une incidence certaine sur la mortalité. Il est do
nc vraiment regrettable que le gouvernement français privilégie de cette façon la santé économique de 30 000 personnes (les buralistes, n.d.l.r.) au détriment de la santé tout court de millions de Français ».