Tabagisme : les Gauloises sur la mauvaise pente…
08 décembre 2010
En France depuis 1985, les hommes ont sensiblement diminué leur consommation de tabac. Ce n’est hélas pas le cas des femmes, qui elles fument davantage. Selon les résultats de deux vastes études (MONICA puis MONA LISA) centrées sur la surveillance des maladies cardiovasculaires, les conséquences sanitaires de ces destins croisés sont réelles. Et d’ores et déjà quantifiables, notamment en termes de mortalité…
Coordonnée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’étude MONICA (pour MONItoring of Cardio-vAscular diseases) a suivi de 1985 à 1997, pas moins de 38 cohortes dans 21 pays. C’est la plus vaste étude jamais réalisée sur les maladies cardiovasculaires. Entre 2005 et 2007, MONA LISA lui a succédé sur le même thème. Derrière ces bien jolis prénoms, des résultats qui ont de quoi inquiéter les femmes…
Le Dr Jean Dallongeville et son équipe de l’Institut Pasteur de Lille, se sont penchés sur le volet français de ces travaux. Et plus particulièrement sur les données concernant le tabagisme. Entre 1985 et 2007, sa prévalence a chuté de 16,6 points chez les hommes de 35 à 64 ans, passant de 40% à 24,3%. En revanche, elle a augmenté de 1,1 point chez les femmes de la même tranche d’âge. Chez ces dernières en effet la prévalence du tabagisme est passée de 18,9% en 1985, à 20% en 2007.
Pour les auteurs « l’incidence du tabagisme féminin a fortement augmenté au milieu des années 90, notamment chez les 35-54 ans. Cette progression s’est ensuite poursuivie entre 2005 et 2007 ». Depuis cette date, la situation a empiré, notamment chez les 45-64 ans où la prévalence du tabagisme a bondi de… 7 points.
Maladies cardio-vasculaires et cancers
Entrées plus tardivement que les hommes dans le tabagisme, les femmes n’ont donc pas diminué leur consommation au cours des dernières années. Le constat n’est malheureusement pas nouveau… et pas sans conséquences. L’équipe lilloise montre ainsi que le risque de mortalité prématurée par causes cardiovasculaires a augmenté de 4,9% chez les femmes de 35 à 64 ans. Alors qu’il a diminué de 10% à 15% chez les hommes, entre 1995 et 2007.
Concernant le taux de mortalité par cancer du poumon, la situation est encore plus inquiétante. Une étude publiée récemment dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire a montré qu’au cours des 15 dernières années, celui-ci a été multiplié par quatre chez les femmes de 35-44 ans… Ces dernières seraient en effet plus sensibles que les hommes aux carcinogènes du tabac. Ce qui signifie qu’à tabagisme égal, elles développeraient un cancer du poumon beaucoup plus précocement…