Tétine, pouce, ne le laissez pas en abuser
24 juin 2014
La succion est un besoin physiologique chez le nourrisson. ©Phovoir
Plus de 8 nourrissons sur 10 tètent leur pouce ou une tétine. Une bonne ou une mauvaise habitude ? L’avis du Dr Jean-Baptiste Kerbrat, membre de la Fédération française d’orthodontie.
Chez les tout-petits, la tétine et le pouce ont de nombreuses vertus. Ils comblent un besoin physiologique : in utero déjà, en absorbant le liquide amniotique, et parfois même en suçant leur pouce, le fœtus développe les mouvements de succion indispensables à sa croissance et à sa survie après la naissance. Voilà pourquoi tétine et pouce contribuent ensuite à apaiser les enfants et à calmer leurs pleurs. Ils aident aussi à soulager les coliques.
Chez les prématurés, la tétine permet de ne pas perdre le rythme de la succion lorsque l’enfant est alimenté par sonde ou par une perfusion. Le passage à l’allaitement maternel sera ensuite facilité. Enfin, des études ont mis en évidence l’utilité de la tétine contre la mort subite du nourrisson : son positionnement modifierait la façon dont l’air circule entre la bouche et le nez, libérant ainsi les voies aériennes supérieures.
Des problèmes dentaires et ORL
« Pas question donc de déconseiller la tétine ou le pouce les premiers mois », tempère le docteur Jean-Baptiste Kerbrat. « C’est leur usage au long terme qui pose problème. En tant qu’orthodontistes, nous voyons tous les jours dans nos cabinets des palais d’enfants totalement déformés. » Et il y a d’autres conséquences : les enfants qui tètent souvent et longtemps ont beaucoup plus de problèmes ORL. Leur palais étant trop étroit, leurs fosses nasales se développent mal elles aussi.
Cette mauvaise ventilation provoque des rhinopharyngites, des rhinites, de l’asthme, des otites, ainsi que des troubles du sommeil et même parfois des retards de croissance et des apnées du sommeil. Sans oublier que la tétine, encore plus que le pouce, est un véritable frein à la communication. La solution ? « Commencer à sevrer Bébé progressivement et en douceur à partir de l’âge de 6 mois.
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Source : Interview du Dr Jean-Baptiste Kerbrat, orthodontiste à Rouen, membre de la fédération française d’orthodontie, le 19 juin 2014. Etude de l’American Academy of Pediatrics Task Force on Sudden Infant Death Syndrome parue dans Pediatrics en 2005
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Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Dominique Salomon