Thromboembolie veineuse : des diagnostics trop tardifs

22 octobre 2025

Une étude publiée dans le JAMA montre que le diagnostic de thromboembolie veineuse n’est posé dans les 24 heures que chez environ 20 % des patients. Ce délai dépasse même 72 heures dans 70 % des cas. Avec un problème de taille : ces retards s’accompagnent d’une surmortalité. D’où l’importance pour les patients d’être informés sur les symptômes, parfois très discrets.

Quelle est la fréquence des retards diagnostics de la thromboembolie veineuse, quels types d’erreurs contribuent à ces retards, et quel est leur impact sur la mortalité ? Une équipe a analysé les délais de diagnostic de la thromboembolie veineuse à partir des dossiers médicaux électroniques de deux systèmes de santé américains : le Mass General Brigham (MGB) et Penn State Health (PSH). Bien que ces données proviennent de systèmes de santé outre-Atlantique, différents du modèle français, la rapidité du diagnostic de la thromboembolie veineuse n’est pas nécessairement meilleure en France, la formation médicale étant globalement comparable. C’est une alerte : du fait des symptômes souvent très discrets de ces évènements vasculaires potentiellement grave, ces résultats invitent à la vigilance.

Il est facile de passer à côté des symptômes de la thromboembolie veineuse

La thromboembolie veineuse désigne l’ensemble des situations où un caillot se forme dans une veine (thrombose) et peut migrer vers la circulation pulmonaire. Concrètement : la thrombose veineuse profonde correspond au caillot dans une veine profonde, le plus souvent dans une jambe ou un bras, et l’embolie pulmonaire survient lorsque ce caillot se détache et bloque une ou plusieurs artères des poumons.

Du côté des symptômes, la thrombose veineuse profonde se manifeste par une douleur du mollet ou de la cuisse, souvent d’apparition brutale et accentuée à la marche ou à la palpation, un gonflement (œdème) d’un seul membre, une sensation de chaleur ou de lourdeur, une rougeur ou une coloration bleutée de la peau et une dilatation visible des veines superficielles. Attention, car ces signes peuvent être discrets, voire absents, notamment chez les personnes âgées ou alitées.

Quant à l’embolie pulmonaire, ses symptômes varient selon la taille et la localisation du caillot : essoufflement soudain sans cause apparente, douleur thoracique souvent latérale et augmentée à l’inspiration, toux parfois accompagnée de crachats sanglants, accélération du rythme cardiaque, malaise, angoisse, voire perte de connaissance dans les formes graves.

Toute suspicion de thromboembolie veineuse nécessite une consultation médicale urgente afin de confirmer le diagnostic, par échographie veineuse pour la thrombose veineuse profonde ou scanner thoracique pour l’embolie pulmonaire, et de débuter un traitement anticoagulant.

Près de 80 % des cas n’ont pas été diagnostiqués dans les 24h

Cette étude, menée auprès de 3 525 patients (âge moyen 65 ans), montre que les retards de diagnostic ont dépassé 24 heures dans environ 79 % des cas dans le premier établissement et 82 % dans le second. Au-delà de 72 heures, ces proportions atteignaient respectivement 70 % et 71 %. Pourquoi ? Les retards liés aux décisions ou aux actions des praticiens étaient les plus fréquents.

Une association entre ce retard diagnostic et la mortalité à 30 jours

Sans trop de surprise, les chercheurs confirment dans cette analyse que les diagnostics tardifs de thromboembolie veineuse ont de réelles et dramatiques conséquences : ils étaient associés à une mortalité toutes causes confondues à 30 jours plus élevée.

Au Mass General Brigham, la mortalité est passée de 2,5 % (17 décès) en cas de diagnostic rapide à 8,3 % (217 décès) en cas de diagnostic retardé. Soit un risque de décès plus que triplé. Dans l’autres établissement, ce risque était moindre, de près de 1,3 fois supérieur. Dans plusieurs cas, un diagnostic posé plus de 24 heures après l’apparition des symptômes était associé à une embolie pulmonaire non détectée, entraînant le décès.

En résumé, cette étude montre que les retards de diagnostic de la thrombose veineuse profonde sont fréquents et qu’ils augmentent la mortalité, toutes causes confondues.

A noter : Comme son nom l’indique, la thrombose veineuse profonde touche les veines profondes des membres et comporte un risque élevé d’embolie pulmonaire. A ne pas confondre avec la thrombose veineuse superficielle appelée souvent phlébite, souvent associée à des varices, qui touche les veines sous-cutanées. Celle-ci est moins dangereuse et nécessite un traitement anticoagulant uniquement si elle est étendue ou proche des veines profondes.

  • Source : Min-Jeoung Kang et al. Delayed Venous Thromboembolism Diagnosis and Mortality Risk JAMA Netw Open, 2025;8;(9):e2533928. https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2839378

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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