











En cas d’exposition à des rayons radioactifs comme ce fut le cas au moment de l’accident de Tchernobyl il y a 30 ans, et plus récemment à Fukushima, la thyroïde est la première affectée. Pour la protéger, il faut la saturer d’iodure de potassium dans de brefs délais. En effet, l’absorption de ces comprimés permet de saturer la thyroïde en iode stable. « Lorsqu’elle ne les prend pas à temps, la victime est très exposée à développer un cancer de la thyroïde. C’est ce qui s’est produit à Tchernobyl, avant tout chez les jeunes enfants, et c’est ce qui va se produire à Fukushima », explique le Pr Babin.
Les pratiques médicales en cause
Les accidents nucléaires sont-ils les seuls responsables des cancers de la thyroïde ? « Evidemment non puisqu’en France, leur incidence a été en constante et régulière augmentation, de 6% par an entre 1980 et 2005 », explique notre expert. « L’usage médical des rayonnements dans l’enfance, est partiellement en cause ». Ce que confirme l’Institut de Veille sanitaire (InVS), dans un rapport récemment publié sur la question. Pour expliquer l’augmentation de cette incidence, les auteurs « évoquent principalement l’évolution des pratiques médicales. Les connaissances scientifiques ne (permettant) pas d’exclure la possibilité d’un faible excès de cancers de la thyroïde en France lié à l’accident de Tchernobyl ».
Prise en charge précoce
Chaque année, environ 3 700 cas de cancers de la thyroïde sont diagnostiqués en France. « Lorsque la malignité de la tumeur est confirmée, le traitement repose sur l’ablation totale de la thyroïde et des ganglions. Ce geste est généralement réalisé par les ORL, qui connaissent parfaitement cette région anatomique. Leur habitude de la chirurgie est un gage de réduction des complications telles que des troubles de la voix, et des fourmillements ou des crampes liés à des blessures du nerf récurrent et des glandes parathyroïde », explique Emmanuel Babin.
Quels sont les signes avant-coureurs d’un cancer de la thyroïde ? « Les patients doivent consulter, dès lors qu’ils sentent autour de la trachée, une tuméfaction dure et douloureuse. Celle-ci parfois, peut être associée à un trouble de la voix », conseille le Pr Babin. « Et dans ce cas, ne dramatisez pas ». En effet, « 10 ans (après le diagnostic) 9 patients sur 10 sont encore en vie si le traitement est bien réalisé », conclut-il.
Pour aller plus loin, consultez le rapport de l’InVS.
Source : interview du Pr Emmanuel Babin, ORL au CHU de Caen, Calvados, 11 octobre 2011
Recevez chaque jour par e-mail les dernières actualités santé.