TMS : des troubles encore sous-estimés ?
16 février 2021
Douleurs de l’appareil locomoteur (muscles, vaisseaux, ligaments, tendons), les troubles musculo-squelettiques font souffrir beaucoup de travailleurs en France. Longtemps sous-estimée, l’incidence de ce fléau professionnel semble aujourd’hui mieux rapportée.
Faire des mouvements à répétition, adopter des postures inconfortables, disposer de temps de récupération insuffisants, travailler dans le froid ou exposés à des vibrations… voici plusieurs facteurs augmentant le risque de souffrir de troubles musculo-squelettiques (TMS). Des fragilités considérées comme une pathologie professionnelle depuis 2009. En France, il s’agit du premier motif d’indemnisation pour maladie liée au travail.
Ces douleurs locomotrices atteignent les tendons et gaines tendineuses, les muscles, les nerfs, les ligaments, les capsules articulaires, les bourses séreuses et les vaisseaux. Les parties du corps les plus fréquemment touchées ? Le bas du dos (lombalgies), le cou (cervicalgies), le poignet (syndrome du canal carpien), l’épaule (syndrome de la coiffe des rotateurs) et le coude (épicondylite latérale).
Mais les TMS sont-ils bien répertoriés en France ? Selon les auteurs du BEH, la sous-déclaration des TMS diminue : elle est passée de 55% à 43% entre 2019 et 2015* concernant le rachis lombaire, de 70% à 60% pour le coude, de 65% à 59% à concernant l’épaule.
Plus de prévention, moins de stress de perdre son emploi
Ces résultats traduisent « probablement un meilleur niveau de déclaration par les salariés lorsque ceux-ci peuvent prétendre à une indemnisation ». Comment l’expliquer ? Cela « pourrait être un reflet des politiques publiques œuvrant à la prévention des TMS depuis plusieurs années », poursuivent les auteurs du BEH. Mais aussi « à une meilleure connaissance de la démarche, au rôle plus incitatif des médecins (notamment du travail), l’effet moins pressant de la crainte de perte d’emploi à distance de la crise de 2008, et aux évolutions des secteurs d’activité (désindustrialisation et automatisation progressive) ».
Pour les TMS de l’épaule, l’amélioration n’est pas si nette, malgré une modification des modalités de reconnaissance datant d’octobre 2011. Et comme le rappellent les auteurs du BEH, ces bonnes nouvelles sont à prendre avec des pincettes. « Ce taux de sous-déclaration reste élevé et souligne l’intérêt de continuer d’améliorer la bonne information des travailleurs et la formation des médecins, notamment, et d’essayer de mieux comprendre » l’origine des sous-déclarations.
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Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n°3, 16 février 2021
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Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet