TOC : la neurochirugie progresse
14 novembre 2008
La stimulation chirurgicale du cerveau représenterait désormais un espoir réel pour le traitement des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) les plus sévères.
Obsédés par la propreté, l’ordre ou submergés de doutes ou de peurs irrationnelles, entre 6 000 et 12 000 patients ne répondent pas aux traitements habituels de ces troubles : la psychothérapie et les antidépresseurs, pour l’essentiel. Mais il y a du nouveau, depuis la publication hier d’une étude unique en son genre.
« C’est une première mondiale », s’enthousiasme le Dr Luc Mallet, de l’Unité INSERM Avenir. « Nous travaillons depuis 7 ans sur cette étude, qui a inclus 16 patients et mobilisé plus de 100 professionnels de santé ». Psychiatres, neurologues, neurochirurgiens…
Concrètement, les patients ont subi une stimulation cérébrale profonde en continu. Celle-ci nécessite l’implantation dans le cerveau – par voie chirurgicale – de deux électrodes reliées à un stimulateur implanté sous la peau. Ce véritable « pacemaker neurologique » délivre un courant électrique qui module les séquences de signaux anormaux émis par le cerveau.
Seize patients ont été sélectionnés dans 10 CHU. Huit ont été soumis à une période de stimulation active suivie d’une période de stimulation placebo. Les autres ont bénéficié quant à eux d’un protocole inversé. « Cet essai a été mené en double aveugle, c’est-à-dire que ni les patients, ni les médecins ne connaissaient les périodes de stimulation effective », explique Luc Mallet.
Les résultats sont probants ! Au terme d’une stimulation de 3 mois, 7 patients sur 10 ont répondu au traitement et ont vu leur état s’améliorer, avec la disparition de 25% de leurs symptômes en moyenne. Les effets sont rapides et réversibles. « Mon cerveau est libre aujourd’hui », témoigne une patiente. Il reste encore quelques obstacles pour étendre cette technique. « Nous devons suivre ces patients sur le long terme maintenant, et ajuster nos réglages », conclut le Dr Luc Mallet.