Tourisme esthétique: attirant, mais risqué
28 avril 2010
Une semaine en Tunisie, dans un hôtel 4 étoiles, le soleil, la piscine, et… une liposuccion pour revenir encore plus belle après les vacances, le tout pour des tarifs imbattables ? La formule est alléchante, mais les risques sont réels.
La chirurgie esthétique dans certaines parties du monde (Afrique du Nord, Europe de l’Est, Asie du Sud-Est) est bien meilleur marché qu’en France. Une rhinoplastie, une augmentation mammaire, un lifting peuvent coûter jusqu’à deux fois moins cher à l’étranger, semaine de vacances et voyage compris! De quoi en tenter plus d’une. Des chirurgiens, ainsi que les autorités sanitaires recommandent pourtant la prudence.
Les risques
Comme le rappelle le Syndicat national de Chirurgie plastique, reconstructive et esthétique (SNCPRE), aucune intervention n’est anodine. Des règles d’exercice ont été fixées et France, et ne s’appliquent pas forcément à l’étranger. Ainsi du délai de réflexion de 15 jours, incompatible avec la semaine de vacances. Ou encore de la prise en charge des suites opératoires par le chirurgien qui a opéré (retournerez-vous au Maroc à la moindre inquiétude après une opération sur vos paupières un peu tombantes? Ou en Hongrie quand vos prothèses mammaires s’avèreront défectueuses?). Et quels seront vos recours en cas de complication? Les autorités françaises n’exercent – évidemment – aucun contrôle sur les pratiques médicales à l’étranger.
De plus, quel est l’intérêt de passer une semaine dans un superbe hôtel près de la plage puisque vous ne pourrez pas vous exposer au soleil, ni prendre de bain de mer une fois opérée? Irez-vous seule, sans soutien familial ou amical après cette intervention? Ou bien accompagnée, et dans ce cas, vous pourrez toujours regarder vos enfants, votre mari ou vos amis sortir et s’amuser – sans vous qui resterez cloîtrée dans votre chambre? Sans même parler du risque de phlébite qu’il y aura à reprendre l’avion après une liposuccion…
Les agences de voyage
Des agences spécialisées dans le tourisme médical sont pointées du doigt par les autorités sanitaires françaises. Dès 2005, la Direction générale de la santé (DGS) et le ministère du tourisme mettait en garde contre les agences « proposant des forfaits touristiques incluant des actes de chirurgie esthétique pratiqués à l’étranger ». Elle rappelait que « les actes médicaux de chirurgie esthétique ne relèvent pas du statut d’agences de voyages », dont les assurances ne couvrent pas la responsabilité « pour des prestations de chirurgie esthétique en cas de complications médicales ».