Traitement préventif contre le SIDA : le feu vert de Marisol Touraine
23 novembre 2015
Plusieurs dizaines de milliers de personnes pourraient bénéficier du Truvada dans les mois à venir. ©ANRS
A une semaine de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, la ministre en charge de la Santé vient d’annoncer l’autorisation prochaine du Truvada®. Dès mi-décembre, cette molécule devrait être prescrite « temporairement et sous certaines conditions » aux sujets exposés au risque de contamination par le VIH. Cette annonce signe l’avancée d’une prévention renforcée contre un virus à l’origine de 6 000 nouvelles contaminations chaque année en France.
Depuis janvier 2013, l’association AIDES réclame la mise à disposition du Truvada®, commercialisé par le laboratoire Gilead. C’est chose faite. Marisol Touraine a en effet confirmé le droit de prescription de cette molécule antivirale « temporairement et sous certaines conditions », ce lundi 23 novembre à l’Assemblée, à l’occasion du débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. A compter de la mi-décembre 2015, le Truvada® pourrait donc être délivré aux patients en prévention du risque de contamination par le VIH. Notamment aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ou des usagers de drogues injectables. Dès la rentrée 2016, cette molécule devrait être entièrement remboursée par l’Assurance maladie en prévention d’un infection diagnostiquée chez 500 Français chaque mois.
Pris quotidiennement ou quelques heures avant un rapport sexuel, le Truvada® limite fortement le risque de contamination chez des personnes saines. L’efficacité de cette molécule a été prouvée pour la première fois en 2010 chez des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). « L’essai IPREX a démontré que le risque d’être infecté par le VIH était réduit de 44% chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes comparativement à un groupe de HSH ne prenant pas la PrEP », rappelle l’Agence Nationale de Recherche sur le SIDA et les hépatites (ANRS). Laquelle autorité a prouvé l’efficacité chez les HSH via l’étude IPERGAY : grâce à la PrEP délivrée au moment de l’exposition, le risque de contamination est réduit de 86% comparé à un groupe placebo.
Aux Etats-Unis, cette combinaison d’antirétroviraux est prescrit depuis 2012 aux malades du SIDA. La France deviendrait – avec cette avancée – le premier pays européen à délivrer ce traitement en prophylaxie. « De nombreux efforts restent à accomplir, en France comme au niveau international, mais grâce à la PrEP (prophylaxie pré-exposition, ndlr), nous serons mieux armés pour combattre l’épidémie », explique Aurélien Beaucamp, président de l’association AIDES. La prescription de cette molécule vise à briser les chaînes de transmission virale, en complément de l’usage du préservatif, des méthodes de dépistage et de la prescription rapide d’antirétroviral aux patients infectés. Cette stratégie préventive participe à l’objectif fixé par l’ONU-SIDA, « celui d’éradiquer l’épidémie d’ici à 2030 », rappelle l’ANRS.
Rappelons que début novembre 2015, l’ANSM avait rendu un avis favorable sur le Truvada®, et s’était exprimée pour la mise en place d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) réservée « aux personnes à haut risque du VIH par voie sexuelle ».
-
Source : Ministère la Santé, ANRS, AIDES, le 23 novembre 2015
-
Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet