Traitements de l’infertilité tardifs : forte hausse des recours en 10 ans

01 février 2021

L’infertilité se dessine comme un enjeu majeur de société depuis de nombreuses années déjà, en raison du recul de l’âge de la procréation notamment. Une étude basée sur l’ensemble des données de l’Assurance-maladie permet enfin de chiffrer le recours à l’ensemble des traitements de l’infertilité pour la France.

En France, l’Assurance-maladie prend en charge l’ensemble des traitements de l’infertilité, dont la procréation médicalement assistée (PMA), jusqu’à 43 ans pour les femmes. Et celles-ci sont de plus en plus nombreuses à y avoir recours. C’est une tendance initiée à la fin des années 1970, quand l’âge de la maternité a commencé à reculer. Mais à quel point a-t-elle pris de l’ampleur ces dernières années ? Dans le détail, Khaoula Ben Messaoud (Ined), Elise de La Rochebrochard (Ined) et Jean Bouyer (Inserm)* ont mesuré le recours aux traitements de l’infertilité au cours des années 2008-2017 en se basant sur les données de l’Assurance-maladie justement.

L’impression se confirme donc. « Durant cette décennie, ce recours est devenu de plus en plus tardif : il a augmenté de 24% chez les femmes de 34 ans ou plus ». Alors que pour les plus jeunes, il stagne globalement. Logique puisque « ces femmes plus âgées essaient plus souvent d’avoir des enfants, et l’infertilité augmentant fortement à ces âges, cela entraîne la forte augmentation du recours aux traitements de l’infertilité à ces âges plus élevés ».

FIV, stimulation ovarienne…

Dans cette étude, tous les traitements de l’infertilité ont été pris en compte, les techniques de procréation médicalement assistées (insémination artificielle et fécondation in vitro avec ou sans Injection Intracytoplasmique de spermatozoïde…), mais également les traitements d’induction de l’ovulation qui sont les traitements de première intention et pour lesquels on ne savait que très peu de choses.

Actuellement, les chercheurs poursuivent leur travail afin d’affiner les connaissances concernant le recours à ces techniques. « Nos premières impressions dans ces recherches encore en cours révèlent une baisse de la stimulation ovarienne simple », indique Elise de La Rochebrochard, co-autrice de l’étude. « Mais il s’agit encore de données au conditionnel », précise-t-elle. Comment expliquer cette baisse si elle se confirme ? « Les médecins accéléreraient le parcours des femmes plus âgées dans la PMA, en leur conseillant de passer directement à la FIV par exemple, pour ne pas perdre de temps », élabore Elise de la Rochebrochard. « Mais cela reste hypothétique », précise-t-elle.

*Recherche menée dans le cadre d’un partenariat entre l’Ined – l’Inserm – l’Université Paris-Saclay – l’Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, et financée par l’Agence nationale de la Recherche

  • Source : Inserm – Ined - Université Paris-Saclay – Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines , janvier 2021 – Interview d’Elise de La Rochebrochard, Ined, 28 janvier 2021

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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