Travail de nuit, travail posté : quelles conséquences sur la santé ?

11 mai 2016

Depuis les années 1980, les horaires atypiques de travail –comprenez ceux qui ne correspondent pas à une semaine « standard » – se sont multipliés en France. Un phénomène qui n’est pas sans danger. Dans son édition du mois de mai, les auteurs de la Revue Prescrire ont compilé les données scientifiques et rappellent qu’en matière de santé, le décalage horaire n’a rien de bon…

Les formes de travail en « horaires atypiques » les plus étudiées sont le travail de nuit et le travail en équipes successives, dénommé « travail posté » (de type 3 – 8). Selon différents travaux menés sur le sujet, cette forme d’emploi entraîne « une privation chronique de sommeil, une somnolence accrue durant la période de veille, et une augmentation du risque d’accidents et d’erreurs. » Ainsi, le travail posté et le travail de nuit sont associés à des troubles du caractère et à une baisse des performances cognitives. Sans oublier une augmentation de la dépression et de l’anxiété.

Surpoids, cancers, maladies cardiovasculaires

Le travail de nuit est largement reconnu comme perturbateur de notre horloge biologique. Ainsi, en 2014, des chercheurs américains avaient mis en avant le risque de surpoids encouru par les travailleurs en horaires décalés.

D’autres études ont aussi associé ces emplois à un risque accru d’affections cardiovasculaires, indépendamment d’autres facteurs de risque comme le tabagisme. 

Selon les auteurs de la Revue Prescrire, « la question d’une augmentation du risque de cancers est débattue. Début 2016, les données vont globalement dans le sens d’un risque de cancer du sein augmenté chez les femmes, surtout en cas d’exposition de longue durée. » En France, l’étude CECILE, réalisée par l’INSERM, a précisé que ce risque est plus important chez les femmes travaillant de nuit depuis plus de 4 ans et avant leur première grossesse.

Précisons d’ailleurs que depuis 2008, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS à Lyon a ajouté le « travail de nuit posté » à la liste des agents probablement cancérogènes.

Enfin, le travail posté et/ou de nuit augmenterait le risque d’avortement spontané, d’accouchement prématuré et de retard de croissance intra-utérin.

Rappelons qu’en France, en matière de médecine du travail, la réglementation impose une surveillance médicale renforcée des travailleurs de nuit, avec une visite médicale obligatoire tous les 6 mois.

  • Source : Revue Prescrire, mai 2016 – INRS

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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