Travail : quand les restructurations… déstructurent les salariés !
18 juin 2002
Comme les licenciements, les mutations professionnelles même mineures, ont un impact évident sur la santé des salariés… Le Dr Jean-Pierre Ferley est médecin au Centre Rhône-Alpes d’Epidémiologie et de Prévention Sanitaire. Durant 18 mois, il a étudié l’impact des mutations professionnelles sur la santé des salariés de Renault Véhicules industriels à Vénissieux (Rhône).
Durant l’été 1999, les dirigeants de l’entreprise ont transféré l’atelier Couples à Saint-Priest, distant de seulement deux kilomètres. Au total, 112 salariés étaient concernés. Dans le même temps, ils ont fermé définitivement la forge qui regroupait 152 employés. Aucun n’a toutefois été licencié.
D’une manière générale, « les conséquences sanitaires des mutations, essentiellement psychologiques, ont été directement liées à leur vécu. Chez certains elles ont été lourdes » a déclaré Jean-Pierre Ferley, à l’occasion du 27ème Congrès national de médecine et santé au travail, début juin à Grenoble.
Les manifestations cliniques les plus répandues ont été les troubles du sommeil. Mais les auteurs ont également relevé de nombreux signes de mal-être et même une augmentation de la consommation de médicaments. Des phénomènes liés à l’incertitude quant aux nouveaux postes proposés… et à la survie même de l’entreprise. Certains employés craignaient ainsi que le nouveau site ne soit vendu.
Les effets se sont atténués avec le temps, même si un « noyau » de salariés restait toujours en difficulté à 18 mois. « L’âge, l’ancienneté dans le poste, le cursus antérieur, le profil du nouveau poste et les compensations financières proposées sont apparues comme autant d’éléments influant sur la capacité d’adaptation » conclut Jean-Pierre Ferley.