Très grande prématurité : des acides gras contre la rétinopathie
11 février 2021
Les nourrissons nés avant 28 semaines d’aménorrhée souffrent fréquemment d’une forme sévère de rétinopathie. Des scientifiques suédois viennent de prouver l’efficacité des acides gras (omégas 3 et 6) dans la prévention de ce trouble visuel.
Quand ils naissent, les très grands prématurés (accouchement avant 28 semaines d’aménorrhée, SA*) peuvent présenter plusieurs fragilités physiologiques ou neurologiques. Parmi les organes concernés, les yeux. Les vaisseaux sanguins de la rétine n’ont pas pu finir leur développement à cause du raccourcissement de la vie in utero. Conséquence, un risque de rétinopathie sévère. Dans certains cas, ce trouble peut provoquer un décollement de la rétine voire une cécité du tout-petit.
Comment empêcher l’apparition de cette rétinopathie ? Pour le savoir, des chercheurs suédois de l’Université de Gothenburg ont suivi 206 très grands prématurés de leur naissance jusqu’à leur 3 ans (de 2016 à 2019).
Un risque divisé par deux
La moitié d’entre eux ont reçu un traitement en prophylaxie à base de suppléments nutritionnels riches en oméga 3. La dose de 3 milligrammes par jour et par kilo était administrée par voie orale. Des oméga 6 ont aussi été donnés à ces petits, en quantité deux fois plus importante. La seconde moitié des petits n’a reçu aucune supplémentation.
Résultat, « dans le groupe supplémentation, 15,8% des nouveau-nés ont développé dans leurs trois premières années de vie une rétinopathie sévère, contre 33,3% dans le groupe contrôle ». Un risque diminué par deux sous l’effet des acides gras donc.
Mais comment l’expliquer ? Pendant la vie fœtale, les oméga 6 jouent un rôle fondamental dans la formation des membranes cellulaires. Et les oméga 3 figure parmi les composants essentiels des vaisseaux sanguins et des tissus nerveux.
A noter : les acides gras oméga 3 et oméga 6 n’ont en revanche joué aucun rôle dans la prévention « de la dysplasie bronchopulmonaire et de l’hémorragie cérébrale intraventriculaire souvent diagnostiquées chez les très grands prématurés ».
*41 semaines d’aménorrhée pour une grossesse de 9 mois. La grande prématurité est comprise en 28 SA et 32 SA, la prématurité en 32 SA et 37 SA)
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Source : JAMA Pediatrics, le 1er février 2021
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Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet