Trop de médicaments prescrits aux enfants hors AMM
22 janvier 2015
©Phovoir
Plus d’un tiers des enfants se voient prescrire par leur médecin généraliste au moins un médicament en dehors des recommandations officielles d’utilisation. Inquiétant ? Pour les chercheurs de l’INSERM, « ce phénomène ne semble pas accroître le risque d’effet indésirable. »
Selon les résultats d’une étude conduite par l’INSERM dans le Sud de la France, « les prescriptions hors AMM, c’est-à-dire en dehors des normes d’utilisation fixées par les autorités de santé, sont nombreuses en pédiatrie. » Les chercheurs ont en effet constaté que 37,6% des enfants de moins de 16 ans ont été exposés à au moins une prescription hors AMM en 2011.
Le travail a été mené avec l’aide de 38 médecins généralistes. Chacun a rapporté toutes ses consultations d’enfants âgés de 0 à 16 ans de mars à juillet 2011. Au total, 2 313 enfants ont été vus et, parmi eux, 1 960 ont reçu au moins un médicament. Et donc dans près de 38% des cas, la prescription était hors AMM.
Dans le cas d’espèces, que signifie « hors AMM » ? La plupart correspondait à une indication autre que celle fixée pour le médicament (56%), à des dosages inférieurs (26%) ou plus importants (20%) à ceux recommandés. Quant aux médicaments prescrits, il s’agissait le plus souvent de décongestionnants nasaux, d’antihistaminiques anti-H1 et de corticoïdes.
Aucun risque ?
« Loin d’être des erreurs systématiques, les prescriptions hors AMM en pédiatrie s’imposent souvent en raison de l’absence de médicament adapté au profil du jeune patient » analysent les chercheurs. « Plusieurs molécules utilisées de façon courante chez l’adulte ne bénéficient pas, en effet, d’indication pédiatrique. Cela s’explique par les difficultés associées à la réalisation d’essais cliniques chez les enfants. » Mais en ce qui concerne la santé à proprement parler de nos chères têtes blondes, « il n’y a pas de risque d’effets indésirables ».
« Il est vrai que pour certaines pathologies fréquentes, comme les infections ORL ou encore les allergies, les ressources thérapeutiques pédiatriques ne sont pas à la hauteur », explique Maryse Lapeyre-Mestre, coauteur de ces travaux. Pour autant, « il ne faut pas oublier qu’il existe de nombreuses situations dans lesquelles le médicament peut être remplacé par d’autres approches thérapeutiques : kinésithérapie respiratoire en cas d’obstruction bronchique chez le nourrisson, absence de prescription d’antibiotique en cas d’infection virale ou encore utilisation de solutés de réhydratation en cas de diarrhées ».