











La rifapentine est une rifamycine. Elle appartient donc à la même classe que la rifampicine, médicament de référence pour la prise en charge des tuberculoses non résistantes. Elle se distingue toutefois par « un plus fort potentiel d’inhibition vis-à-vis de Mycobacterium tuberculosis, et par une demie-vie plus longue que la rifampicine » indique son développeur, le français Sanofi Aventis.
Commercialisée aux Etats-Unis pour le traitement des formes non résistantes de la tuberculose pulmonaire, la rifapentine y est utilisée dans le cadre de protocoles thérapeutiques étalés sur 6 mois, comme la rifampicine. Toutefois « dans un modèle de tuberculose expérimental, la substitution de la rifampicine par la rifapentine dans l’association standard permet de réduire de 6 mois à 10-12 semaines la durée (de traitement) nécessaire à la guérison » souligne Sanofi Aventis.
Réduire l’impact économique de la prise en charge
Là sans doute, est l’enjeu. « Il est de la plus grande importance de simplifier le traitement de la tuberculose non-résistante » explique Robert Sebbag, vice-président ‘Accès au médicament’ de l’industriel français. Ce dernier « a entrepris de redévelopper la rifapentine en une prise quotidienne, en association avec les médicaments antituberculeux standards en prise quotidienne, dans le but de réduire de façon significative la durée du traitement (…). Ceci devrait permettre de diminuer le nombre d’arrêts prématurés, et donc (…) le nombre d’échecs au traitement et de diminuer le risque de développement de résistances, ainsi que le coût global » de la prise en charge.
Les économies que l’on pourrait en attendre ne sont pas chiffrées encore. Il paraît acquis que la rifapentine bénéficiera de la politique de prix différenciés sur laquelle est fondé le fonctionnement de la Direction « Accès au médicament » de l’industriel. Selon Philippe Farabolini, directeur Maladies pandémiques – tuberculose et paludisme – à Sanofi Aventis, « le coût d’un traitement de 4 mois par la rifapentine ne devrait pas être supérieur à celui d’un traitement de 6 mois par rifampicine. Mais l’amélioration de l’observance que l’on pourrait en attendre, et surtout la diminution des coûts logistiques de suivi des malades devraient constituer des sources d’économies appréciables ».
Le statut de médicament orphelin facilitera ce développement. Il est accordé dans le cadre de maladies graves qui engagent le pronostic vital et/ou sont chroniquement handicapantes, qui affectent moins de 5 personnes pour 10 000 dans la Communauté européenne – la France par exemple a compté moins de 5 800 cas en 2008 – et contre lesquelles il n’existe pas de traitement équivalent en Europe. Il confère au développeur un certain nombre d’avantages destinés à compenser l’attrait limité d’un « marché » qui l’est également : aide à l’élaboration des protocoles de développement, procédure centralisée et réduction des frais d’enregistrement, exclusivité de 10 ans pour les droits de commercialisation en Europe.
Il permet aussi de développer des modèles de médicaments exportables à des conditions attractives pour les pays auxquels ils seraient le plus nécessaires. Rappelons en effet qu’il y a dans le monde, près de 2 milliards de porteurs de M. tuberculosis. Environ 9,8 millions de nouveaux tuberculeux sont diagnostiqués chaque année, et la tuberculose fait 1,7 million de morts par an. Pour la plupart dans les pays les moins favorisés…
Pour aller plus loin :
– 2009 Update Tuberculosis Facts, OMS
– Agence européenne du Médicament (EMEA) : Les médicaments orphelins.
Source : EMEA, 21 juin 2010 - Sanofi Aventis, interview de Philippe Farabolini, 7 juillet 2010 - DWS Pill Scribe, 6 juillet 2010