Un moniteur cardiaque insérable à l’écoute de notre coeur
29 août 2019
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Près de 40% d’entre nous a déjà vécu une syncope1. Bénigne en soi, cette perte de connaissance peut cacher une affection potentiellement grave. Grâce à un moniteur cardiaque implantable, il est désormais possible de connaître la cause de ces syncopes. Mais pas seulement. Les explications du Pr Romain Eschalier, cardiologue spécialisé en rythmologie au CHU de Clermont Ferrand.
« La syncope est une perte de connaissance dite à l’emporte-pièce, c’est-à-dire qui survient brutalement, sans prévenir », décrit le Pr Romain Eschalier, cardiologue spécialisé en rythmologie au CHU de Clermont Ferrand. « Cette syncope est due à une perte du débit cérébral : il n’y a plus de sang qui arrive au niveau du cerveau. »
Une histoire de cœur ?
La syncope constitue un motif d’hospitalisation très fréquent. « En moyenne, cet épisode représente 1% à 6% des hospitalisations. » Ces épisodes sont surtout présents à deux périodes de la vie : chez les 20-30 ans. « La syncope du jeune est souvent un malaise vagal lié à un stress ou à une chaleur extrême. » Et « à partir de 70 ans, les cas sont souvent plus graves. La crainte est celle des troubles du rythme cardiaque, notamment des ralentissements. »
Cette baisse de débit sanguin cérébral peut résulter « d’un emballement cardiaque : la tachycardie ou une fibrillation ventriculaire. Ou au contraire d’un ralentissement brutal du cœur : la bradycardie. Il faut entre 6 et 8 secondes sans afflux sanguin cérébral pour avoir une syncope. » Parfois la syncope reste inexpliquée.
Un moniteur cardiaque miniature guette la récidive
Après une syncope, le suivi doit donc être rigoureux. En effet, « le risque de récidive après une première syncope est de 35% à 3 ans »3. En général, les formes récidivantes sont souvent bénignes.
Premières approches pour établir le diagnostic de cette récidive, l’examen clinique et l’interrogatoire. Le degré de bénignité est ainsi posé. Dans certains cas, un doute persiste. Des examens complémentaires sont nécessaires : « l’électrocardiogramme, l’échographie cardiaque. On surveille le rythme cardiaque par des moniteurs ou par une courte hospitalisation. Mais cela ne dure que 24 à 48 heures maximum. »
Pour affiner le diagnostic, il existe un moniteur cardiaque miniature posé pendant 3 ans. Ce dispositif nommé Reveal LINQ™, enregistre le rythme cardiaque. Mesurant 2 à 3 cm de longueur, cet appareil est implanté entre les espaces intercostaux situés devant le cœur, sous anesthésie locale en quelques minutes. « Le Reveal LINQ™ est tout petit, Pour les femmes et les petits gabarits, c’est moins gênant au niveau de la poitrine. »
Les données peuvent être transférées à distance grâce à un modem situé au domicile du patient jusqu’au centre de cardiologie. En cas de syncope, l’appareil est interrogé directement sans que le patient n’ait à se déplacer. « On va être informé de la syncope dans les 12 heures suivant l’épisode. L’analyse sera faite en toute sécurité, détaillée et beaucoup plus rapide. S’il y a une anomalie, l’enregistrement est communiqué aux équipes médicales et permet de prendre la bonne décision pour traiter le patient. »
Les pratiques d’implantation varient en fonction des médecins et des établissements de santé. « On peut aujourd’hui le poser soit au bloc opératoire, soit en consultation hospitalière, en milieu aseptisé. Il faut surtout que cela soit peu contraignant pour le patient. » A terme, la qualité de vie du patient (durées d’hospitalisation, arrêt de travail) devrait s’en trouver améliorée.
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Source : Interview du Pr Romain Eschalier, cardiologue spécialisé en rythmologie au CHU de Clermont Ferrand, le 22 juillet 2019 - Brignole M, et al. Europace. 2003;5:293-298.Blanc J-J, et al. / Eur Heart J. 2002;23:815-820 - Blanc J-J, et al. Eur Heart J. 2002;23:815-820.- Kenny RA., et al. Syncope Unit: Rationale and requirement-the European Heart Rhythm Association position statement endorsed by the Heart Rhythm Society. Europace 17, 1325–1340 (2015). - W Kapoor. Evaluation and management of patients with syncope. JAMA 268, 2 553-60 (1992). - WN Kapoor. ‘Evaluation and outcome of patients with syncope.’, Medicine (Baltimore), 69(3), pp. 160–75 (1990).
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Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet