Un vaccin français contre le paludisme pendant la grossesse
05 février 2020
Valeriya Anufriyeva /shutterstock.com
Selon l’Organisation mondiale de la santé, le paludisme est responsable d’environ 400 000 décès chaque année dans le monde, principalement en Afrique subsaharienne. Particulièrement vulnérables, les femmes enceintes et leurs futurs bébés. Un vaccin mis au point par l’Inserm pourrait changer la donne.
Faible poids de naissance et sur-risque de mortalité néonatale. Voilà ce qui attend un bébé né d’une mère atteinte de paludisme, cette maladie transmise par des moustiques infectés par des parasites de type Plasmodium. Une maladie particulièrement meurtrière, qui fait l’objet de nombreux projets de recherche. Parmi eux, celui d’une équipe de l’Inserm et de l’Université de Paris, publié dans The Lancet Infectious Diseases : développé depuis une vingtaine d’années, leur vaccin PRIMVAC a fait l’objet d’un essai clinique « pour étudier sa tolérance et obtenir des données préliminaires sur sa capacité à induire une réponse immunitaire adaptée. »
Car dans les régions du monde où le paludisme est endémique, les populations développent une immunité tout au long de leur vie et sont généralement protégées des conséquences les plus graves du paludisme (fièvre très élevée, atteintes rénales et hépatiques, coma). Une exception : les femmes enceintes. En Afrique subsaharienne, 11 millions ont été infectées en 2018, et ont donné naissance à 900 000 enfants « en insuffisance pondérale. »
Paludisme gestationnel
Mais comment s’explique la vulnérabilité particulière des femmes lorsqu’elles sont enceintes ? Réponse : « les globules rouges infectés par le parasite (…) à l’origine du paludisme s’accumulent au niveau du placenta, favorisant l’anémie et l’hypertension maternelle. » Conséquences : fausses couches spontanées, accouchements prématurés, retards de croissance intra-utérin… et mortalité infantile élevée.
Le vaccin PRIMVAC a donc été testé sur 68 femmes âgées de 18 à 35 ans, à Paris et Ouagadougou (Burkina Faso). Particularité : ces femmes n’étaient pas enceintes au moment des injections. Résultat un vaccin bien toléré, et une capacité « à produire une réponse immunitaire avérée, avec une production d’anticorps chez 100% des femmes vaccinées après seulement deux injections. »
Des anticorps qui augmentent après chaque vaccination et persistent plusieurs mois, ont constaté les chercheurs, qui lanceront de nouveaux essais cliniques pour étudier la réponse immunitaire à plus long terme, jusqu’à la première grossesse. Ils estiment qu’une « stratégie vaccinale efficace pourrait cibler une population similaire à celle ciblée par la vaccination HPV par exemple, avant le premier rapport sexuel ».
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Source : The Lancet Infectious Diseases, consulté le 5 février 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet