Un virus inconnu identifié en France
31 janvier 2023
Il est entendu que de nombreux microbes présents sur Terre sont encore inconnus. C’est d’ailleurs ce qui participe à l’inquiétude quant au risque d’épidémies à venir. Voici une illustration de cette réalité avec la rare découverte d’un nouveau virus chez une patiente française.
Il a été provisoirement baptisé Human Circovirus 1 (HCirV-1). Ce virus jusque-là inconnu, de la famille des circovirus, vient d’être identifié par des scientifiques français* chez une femme de 61 ans. A plus d’un égard, il s’agit d’un cas rare. Tout d’abord, c’est le premier circovirus pathogène pour l’homme. De plus, « si le passage des virus animaux vers les humains est régulièrement rapporté dans la littérature scientifique, il est rare qu’un virus nouveau soit identifié en Europe chez un patient », souligne l’Institut Pasteur.
Séquençage génomique
La patiente était suivie après une greffe cœur et poumons réalisée 17 ans auparavant. Mais c’est la survenue chez elle d’une hépatite chronique inexpliquée, avec peu de symptômes, qui a conduit les médecins à réaliser un séquençage génomique sur des échantillons des tissus pathologiques. Le rôle de ce virus inconnu a ainsi pu être démontré dans les dommages au foie (2 à 3% des cellules du foie étaient infectées). Concrètement, « une fois que ce virus avait utilisé les ressources de la cellule hépatique pour se multiplier, il la détruisait ».
« Après un traitement antiviral, les enzymes hépatiques sont revenues à un niveau normal chez la patiente, témoignant d’un arrêt de la cytolyse hépatique », rassurent les scientifiques.
Enjeu de santé publique
« L’origine du virus, circulant chez l’homme ou d’origine animale, reste à identifier, de même que la source de l’infection elle-même (contact, alimentation, etc) », rappelle l’Institut Pasteur. Cela étant, cette découverte est loin d’être inutile puisqu’elle a permis de développer un test PCR spécifique désormais disponible pour le diagnostic d’hépatite d’origine inconnue. Or de nombreux cas se présentent régulièrement. « Les cas d’hépatite aiguë rapportés chez des enfants au Royaume-Uni et en Irlande en avril dernier et signalés par l’OMS le rappellent », souligne l’Institut.
« Il est également essentiel d’avoir la capacité d’identifier un nouveau pathogène lorsqu’une infection est inexpliquée et de mettre au point un test diagnostic, car potentiellement tout nouveau cas d’infection par un pathogène émergent chez l’homme peut être témoin d’un début d’épidémie », conclut Marc Eloit, co-auteur de l’étude, responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur et Professeur de virologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA)
*de l’Institut Pasteur, de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, de l’Inserm au sein de l’Institut Imagine, d’Université Paris Cité et de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA)