Une rentrée scolaire en mode Covid
28 août 2020
C'est une rentrée tout à fait particulière qui attend enfants et adolescents. Une rentrée sous le signe du coronavirus, toujours présent dans nos vies et pour encore un certain temps. Voici quelques pistes pour que chacun vive ce retour à l'école, au collège ou au lycée le plus sereinement possible, les enfants... et surtout leurs parents.
Aline Nativel Id Hammou le dit tout net : « les enfants et les ados sont globalement sereins et plutôt contents de retourner à l’école. Ce sont les parents qui angoissent ». Quelques jours après avoir repris le chemin de son cabinet, la psychologue clinicienne spécialiste de l’enfance, de l’adolescence et de la famille constate que les plus jeunes ont envie « de retrouver un rythme, une temporalité avec la scolarité, une routine ».
En clair, après un confinement, un déconfinement et des vacances scolaires où ils sont surtout restés dans la sphère familiale, ils aspirent à sortir de cette bulle, « surtout les ados » . Mais les petits aussi ont besoin de « voir ailleurs », en dehors de leur famille : « c’est important pour leur construction ». Ce qui est parfois difficile à assumer pour des parents angoissés.
Exprimer ses peurs
Principale peur parentale exprimée au sein du cabinet, la crainte qu’avec « l’évolution des connaissances de la pathologie, on apprenne finalement que les enfants sont également vulnérables ». Pour la psychologue, les adultes devraient s’autoriser à verbaliser ces peurs : « on peut par exemple dire : ‘j’ai peur pour ta santé parce que tu es précieux pour moi’. L’enfant comprend ainsi que si on insiste sur le lavage des mains ou le port du masque, ce n’est pas pour l’embêter, mais parce qu’on l’aime et qu’on tient à lui ».
Les craintes évoquées par les enfants, elles, sont plutôt classiques, liées au changement de classe, d’établissement, de copains… « Il ne faut pas les surcharger avec la peur du virus. D’autant que même s’il a pu y avoir un relâchement cet été, le ‘conditionnement’ des gestes barrières, du masque… est déjà effectué ».
« Outils protecteurs »
Pour les enfants qui seraient néanmoins en proie à des angoisses liées au contexte sanitaire, Aline Nativel Id Hammou conseille de mettre en place des « outils protecteurs ». Pour les enfants de 3 à 6 ans, « on peut créer un sac ‘antivirus’, avec une cape de super-héros et du gel à paillettes, inventer une chorégraphie pour le lavage des mains… Toujours dans un mode ludique, qui marche très bien avec les petits ». Pour les enfants de 7 à 11 ans, il faut surtout du concret : « leur donner des réponses scientifiques, quitte à les chercher avec eux. Je conseille de répondre simplement à leurs demandes » et ne pas les devancer, au risque de les « braquer ».
Pour la psychologue, les parents ont tout intérêt à faire confiance à l’équipe pédagogique de l’établissement de leur enfant. Avant de s’attaquer aux programmes, « des temps de parole autour du vécu du confinement, du déconfinement, des vacances scolaires… » seront sans doute organisés par les enseignants. « On ne peut pas reprendre d’emblée comme s’il ne s’était rien passé ».
A savoir : Pour les ados, les enjeux concernent la fête et la sexualité, explique Aline Nativel Id Hammou. « Il est difficile de frustrer un ado. S’il veut organiser une fête à la maison, il faut trouver ensemble un compromis entre la fête, se protéger, protéger ses amis et ensuite les membres de la famille ». La sexualité et ses contacts rapprochés, sources potentielles de contamination, nécessite elle aussi un discours de prévention. « Il faut gérer à la fois le côté pulsionnel et la nécessité de ne pas prendre de risque, compte tenu du contexte ».
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Source : Interview d'Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne spécialiste de l'enfance, de l'adolescence et de la famille, réalisée le 25 août 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Dominique Salomon