











Accueil » Médecine » Maladies infectieuses » Vaccination anti-grippale (A/H1N1) et Guillain-Barré : un léger sur-risque ?
Le syndrome de Guillain-Barré (SGB) est caractérisé par une atteinte des nerfs périphériques. Il se traduit par une paralysie rapide qui débute le plus souvent au niveau des membres inférieurs. Elle remonte ensuite pouvant atteindre les muscles respiratoires et les nerfs crâniens. « Il s’agit d’une maladie rare dont l’incidence est d’environ 2,8 cas pour 100 000 habitants par an », précisait l’ANSM (ex AFSSaPS) en octobre 2009.
La question d’une association entre la vaccination antigrippale et la survenue de ce syndrome n’est pas nouvelle. Elle a été évoquée pour la première fois en 1976 aux Etats-Unis, lors de la campagne de vaccination contre le virus A/New Jersey/H1N1. Des scientifiques avaient alors mis en évidence un risque attribuable à la vaccination de 1 cas pour 100 000 vaccinés. Un taux que de nouvelles expertises réalisées postérieurement « n’ont pas établi de façon certaine », expliquait l’ANSM.
Un cas pour 500 000 vaccinés
Cette nouvelle étude publiée dans le JAMA a été réalisée au Québec, auprès de 4,4 millions de vaccinés en 2009. Le Pr Philippe de Wals et son équipe de l’Université de Laval ont suivi cette population pendant 6 mois entre octobre 2009 et mars 2010.
Au total, sur la période d’étude, ils ont recensé 83 cas de syndrome de Guillain-Barré. « Dans 25 cas, le patient avait été vacciné au maximum 8 semaines avant la survenue de la maladie. Une majorité d’entre eux (19) ont été immunisée au cours des quatre semaines précédentes », expliquent les auteurs. Au final, « l’analyse des données fait état d’un petit mais significatif risque de survenue de SGB consécutif à la vaccination antigrippale. Le nombre de cas attribuables à celle-ci est d’environ 2 par millions de doses ».
Rapport bénéfice/risque en faveur de la vaccination
Pour mettre en perspective ce chiffre, Philippe de Wals et ses collègues expliquent qu’au « Québec, la mortalité associée à la grippe pandémique a été de 1 sur 73 000. Le vaccin a été très efficace pour prévenir la maladie et ses complications. Les bénéfices de la vaccination restent donc supérieurs aux risques ».
En France, le Pr Bruno Lina, virologue, Directeur du Centre national de référence de la grippe à Lyon, insiste sur ce « rapport bénéfice/risque qui reste très favorable à la vaccination. Si tout le monde se faisait vacciner dans notre pays, cela ferait 120 nouveaux cas de SGB, en sachant que le taux au cours de l’infection grippale est 20 à 50 fois plus élevé »… Car la grippe est aussi considérée comme un facteur de risque « possible » de SGB. Une étude française publiée en 2009 avait estimé son incidence entre 4 et 7 cas pour 100 000 grippés.
Source : JAMA, 2012 ;308(2) :175-181, 10 juillet 2012 – Interview du Pr Bruno Lina, 9 juillet 2012 - ANSM (ex AFSSaPS) , octobre 2009
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