Vaccination et confinement : continuons à protéger nos enfants

23 avril 2020

Tous les experts sont unanimes, l’épidémie actuelle du SRAS-Cov-2 (Covid-19) favorise le renoncement aux soins. Les pédiatres pour leur part s’inquiètent des multiples reports de vaccination chez les nourrissons. Le Pr Robert Cohen, pédiatre et infectiologue au centre hospitalier intercommunal de Créteil insiste justement sur l’importance de protéger les plus fragiles : les tout jeunes enfants.

« Tout le monde a bien compris que les difficultés liées au coronavirus vont persister pendant des mois, même après le pic épidémique », explique le Pr Cohen. « Quant à un éventuel vaccin, nous devrons attendre un minimum de 18 mois avant qu’il ne soit disponible. » Pendant ce temps, impossible pour le Pr Cohen d’imaginer laisser nos enfants sans protection. « Nous ne pouvons pas nous permettre de retarder de plusieurs mois les vaccinations du jeune enfant. » Un message qu’il souhaite marteler à l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination, organisée du 24 au 30 avril.

Protéger son enfant et le système de santé

Dans ses premières semaines de vie, un nouveau-né est relativement protégé grâce aux anticorps transmis par la mère pendant la grossesse. Or cette immunité transitoire disparaît rapidement. « En quelques mois », précise le Pr Robert Cohen. « Il sera ensuite totalement vulnérable aux virus et autres bactéries. Au même titre que la population mondiale aujourd’hui concernant le coronavirus. Il est donc impératif que les parents suivent bien les recommandations vaccinales. D’une part pour protéger leur enfant et d’autre part pour préserver le système de santé. »

L’exemple de la coqueluche

Pour certaines maladies, le fait de retarder la vaccination d’un mois peut avoir de graves conséquences. C’est le cas par exemple de la coqueluche. « Un mois de retard équivaut à une augmentation du nombre de cas hospitalisés de 8 à 10% », indique le Pr Cohen. « En effet les coqueluches des tout petits sont souvent beaucoup plus sévères. »

Il existe d’autres maladies contre lesquelles la vaccination avant l’âge d’un an est primordiale. Le Pr Cohen nous en dresse la liste. « L’Haemophilus influenzae B et le pneumocoque*, l’hépatite B, le méningocoque C (bactérie provoquant des méningites). Sans oublier la rougeole, les oreillons et la rubéole.» Rappelons d’ailleurs comme le précise notre spécialiste que la rougeole est « 5 fois plus contagieuse que le coronavirus ».

« Nous avons été l’un des premiers pays à rappeler l’importance de bien respecter les dates des recommandations vaccinales malgré l’épidémie. » D’ailleurs selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), il « est primordial de maintenir l’ensemble des vaccinations obligatoires des nourrissons (à 2, 4, 5, 11, 12 et 16-18 mois) dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 ».

Quid des rappels vaccinaux ?

« L’urgence aujourd’hui, c’est de vacciner les plus petits », indique le Pr Robert Cohen. « Pour les rappels à 6 et 11 ans, qui consistent à consolider l’immunité, il faudra s’en inquiéter avant la rentrée de septembre. »

Rassurer les parents

Malgré tous ces rappels, les parents angoissent à l’idée de se rendre dans un cabinet médical faire vacciner leur enfant. A tous, le Pr Cohen tient à rappeler que jamais dans l’histoire, les précautions n’ont été si importantes. « Le coronavirus a tout changé dans la pratique des médecins. Tout est mis en place pour empêcher les parents d’entrer en contact avec d’autres patients ou parents. L’objectif, c’est zéro contact dans les salles d’attente. Deuxième point, les praticiens ont considérablement renforcé leurs mesures d’hygiène. Ils portent un masque pour protéger les patients, ils se lavent les mains en permanence et lavent systématiquement les surfaces et les objets. »

Encadré

Le 24 avril, Journée mondiale de lutte contre la méningite
Pour les enfants nés à compter du 1er janvier 2018, la vaccination contre la méningite à méningocoque de type C est obligatoire en France. Et les résultats sont spectaculaires. Au 31 décembre 2017, seuls 39,2% des nourrissons de 5 mois étaient vaccinés contre 75,7% fin 2018.

Cette méningite se traduit par des signes proches d’un syndrome grippal: maux de tête, fièvre, douleurs dans les membres, les articulations. Puis les symptômes peuvent devenir plus graves avec une photophobie, une forte fièvre, de violents maux de tête, une raideur de la nuque et un état général altéré. Enfin l’apparition de petites taches rouges indique que la victime souffre d’un purpura fulminans. Une véritable urgence médicale. Cette méningite expose les victimes à des séquelles extrêmement handicapantes : surdité, cécité, paralysie, troubles neurologiques mais aussi amputations.

A noter qu’au cours des dernières années, le nombre de cas d’infections invasives à méningocoque du sérogroupe W a nettement augmenté. Sur la saison 2018-19, avec 68 cas déclarés, le sérogroupe W représentait 17% du nombre total des méningites contre 54% pour la B, 16% pour la C et 13% pour la souche Y. Il a également été à l’origine de 17 décès.

Selon le dernier calendrier vaccinal, la vaccination est recommandée pour les sujets contacts d’un cas de méningite de sérogroupe A, Y, ou W, par le vaccin tétravalent conjugué ACYW à partir de l’âge de 6 semaines ou 2 ans.

* bactéries provoquant notamment des pneumopathies et des méningites

  • Source : Sanofi Pasteur - Interview du Pr Robert Cohen, 8 avril 2020 - https://www.has-sante.fr/jcms/p_3169416/fr/maintenir-la-vaccination-des-nourrissons - https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/vaccination/articles/donnees-de-couverture-vaccinale-meningocoque-c-par-groupe-d-age

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Laura Bourgault

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