Vaccination renforcée face au danger de la coqueluche chez les tout-petits

23 juillet 2024

La recrudescence des cas de coqueluche et de décès, en France et en Europe, inquiète. La HAS prend des mesures vaccinales exceptionnelles pour protéger les nouveau-nés et les nourrissons et rappelle l’importance de la vaccination des femmes enceintes.

Depuis le début de l’année 2024, la coqueluche connaît une forte recrudescence en France, avec un nombre de décès particulièrement élevé chez les nouveau-nés et les nourrissons : au moins 17 décès dont 12 chez les moins de 2 mois.

La coqueluche, une infection à prendre très au sérieux

Infection bactérienne respiratoire hautement contagieuse, la coqueluche se transmet par les voies aériennes et peut être grave, voire mortelle (coqueluche asphyxiante et coqueluche maligne), chez les nouveau-nés et les nourrissons de moins de six mois.

Un contexte d’urgence sanitaire dans toute l’Europe

Depuis le 1er trimestre 2024, le nombre de cas de coqueluche a fortement augmenté. Les passages hebdomadaires aux urgences pour coqueluche ont été multipliés par 7 entre la semaine 10 (du 4 mars) et la semaine 25 (du 17 juin), selon le réseau Oscour. Sur cette même période, les hospitalisations après passage aux urgences explosent : leur nombre a été multiplié par 6, passant d’une dizaine à plus de 60.

Il y a eu 80 hospitalisations de nourrissons de moins de 12 mois au 26 juin 2024, dont 74 % concernaient des enfants de moins de 6 mois. Parmi les 17 décès signalés, on trouve trois adultes de plus de 85 ans, 12 enfants âgés de 1 à 2 mois, et un enfant de 4 ans (réseau Renacoq).

Vaccination des femmes enceintes et de tous ceux au contact d’enfants de moins de 6 mois

Saisie par le ministère de la Santé, la Haute autorité de santé (HAS) rappelle que la vaccination de la femme enceinte constitue le moyen le plus efficace de protéger les nouveau-nés et les nourrissons. Elle recommande également un rappel vaccinal pour toutes les personnes pouvant être en contact rapproché avec des nouveau-nés et des nourrissons de moins de six mois, dans un cadre familial ou professionnel, si la dernière injection remonte à plus de cinq ans. Des études suggèrent en effet que l’efficacité vaccinale s’estomperait rapidement à compter de 5 ans après la dernière dose.

Objectif : réduire le risque de forme grave chez les nouveau-nés et nourrissons, trop jeunes pour être protégés par leur propre vaccination, laquelle est réalisée à 2 et à 4 mois avec un rappel à 11 mois (que la mère ait été vaccinée ou non durant la grossesse).

Cette dose de rappel vaccinal doit donc être administrée à l’entourage du nouveau-né (parents, fratrie, grands-parents et autres personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le nourrisson au cours de ses six premiers mois), contre un délai de 10 ans actuellement défini au calendrier vaccinal pour les personnes de plus de 25 ans. Une mesure qui s’applique sauf si la mère a été vaccinée pendant la grossesse.

Femmes enceintes, faites-vous vacciner pour protéger votre futur enfant !

La vaccination des femmes enceintes, recommandée en France depuis 2022 à partir du 2e trimestre de grossesse (entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée) et au plus tard un mois avant l’accouchement, constitue la mesure la plus efficace pour protéger le nourrisson dès la naissance, grâce au passage des anticorps maternels à travers le placenta. Cette mesure, mise en place avec succès depuis plus de 12 ans dans de nombreux pays, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, est sûre et très efficace. Elle assure une protection des nourrissons contre les formes sévères et les décès à plus de 90 %. Mais elle reste largement insuffisante en France aujourd’hui. Par exemple, entre juin 2023 et mai 2024, seules 16 % des femmes enceintes suivies par un médecin généraliste et 18 % de celles suivies par un gynécologue ont été vaccinées !

Quels vaccins ?

Les deux vaccins indiqués chez l’adulte, Boostrixtetra et Repevax, sont des vaccins combinés « diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite » (dTcaP). Les données montrent une bonne tolérance lors d’administrations répétées tous les cinq ans, voire moins.

Précision : si une personne a récemment reçu un rappel vaccinal dTPolio (rappel de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ne contenant pas la valence coqueluche), un délai minimal de 1 mois devra être respecté avant la réalisation du rappel vaccinal anticoquelucheux dTcaP.

En population générale, le rappel de vaccination anticoquelucheuse est préconisée selon le calendrier vaccinal à 6 ans, entre 11 et 13 ans, puis à 25 ans. Il n’est pas nécessaire de revacciner les personnes éligibles à la vaccination moins de 10 ans après une infection coquelucheuse. Par ailleurs, la vaccination post-exposition ne prévient pas la coqueluche chez une personne déjà contaminée.

Pour en savoir plus sur les recommandations vaccinales : ici.

  • Source : Communiqué « Recrudescence de la coqueluche : la HAS renforce les recommandations vaccinales pour protéger les nouveau-nés et les nourrissons » (HAS, 22 juillet 2024) et « Stratégie de vaccination contre la coqueluche dans le contexte épidémique de 2024. Rappel vaccinal des professionnels au contact des personnes à risque de forme grave » (HAS, 22 juillet 2024) ; données des réseau Oscour et Renacoq.

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

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