Vendée Globe : consultations du bout du monde

07 novembre 2008

Des vraies souris de labo, ces skippers ! La sixième édition du Vendée Globe (départ ce dimanche des Sables d’Olonne en Vendée) permettra au Dr Jean-Yves Chauve, le médecin de la course, de tester ses tout nouveaux outils de consultation à distance. L’objectif, c’est de les transposer ensuite dans le « monde réel ».

« Le Vendée Globe est un véritable laboratoire » nous a-t-il expliqué. « Les skippers sont confrontés à des situations d’isolement extrême. L’idée est donc de bien comprendre ce qu’ils vivent, puis de reproduire et d’adapter notre travail à l’ensemble des conditions d’isolement qu’un individu est susceptible de rencontrer ».

De l’alpiniste au… touriste. Les débouchés pourraient concerner l’alpiniste au sommet de l’Himalaya ou le trekker en déroute, mais pas seulement. « Ils peuvent aussi intéresser un patient isolé, dans un pays étranger par exemple ». Outils de visioconférence, logiciel de médecine à distance -et pourquoi pas comme sur d’autres courses au large, utilisation de stéthoscopes numériques, d’électrocardiogrammes avec envoi par satellite….- la « technologie numérique offre de multiples possibilités ».

Cabinet virtuel. Reste à identifier les plus pertinentes et surtout, les plus adaptées. C’est justement le but du projet RCA (pour Remote Control Aid) testé sur ce Vendée Globe par les équipes du groupe Europ Assistance, assistées de Jean-Yves Chauve. Ils ambitionnent dès 2009, de proposer aux patients isolés une solution interactive de médecine à distance. Laquelle devra être disponible sur des terminaux portables grand public (téléphones mobiles, ordinateurs, PDA… ). Les contours d’un cabinet médical virtuel se dessinent donc progressivement, complétant les solutions développées ailleurs.

Le sommeil des marin-pêcheurs. Médecin des coureurs au large depuis plus de 20 ans, Jean-Yves Chauve s’est aussi penché longtemps, sur le sommeil de ses patients. « C’est une notion-clé de la performance », poursuit-il. »Avec les équipes du centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu de Paris, nous avons décortiqué leurs cycles de sommeil, leurs phases de récupération etc… » Aujourd’hui, les marins-pêcheurs bénéficient de ces connaissances. « Nous pouvons leur donner les clés qui leur permettront de récupérer en 10 minutes de sommeil profond, par exemple. Cela permet de maintenir la vigilance, réduisant ainsi le risque d’accidents ».

LES PRINCIPAUX CHIFFRES « SANTE » DE LA COURSE

110 médicaments. Ils garnissent la trousse à pharmacie élaborée par le Dr Chauve, embarquée par chaque concurrent ;
4500 calories. C’est l’apport énergétique quotidien recommandé à ces athlètes de haut niveau. Sur la terre ferme, les apports nutritionnels conseillés (ANC) sont d’environ 2400 kcal pour un homme adulte et 1800 kcal pour une femme. « Sur un bateau de course, la recherche permanente de l’équilibre fait brûler à elle-seule, 1000 kcal par jour », explique le médecin ;
120 décibels. Le navigateur est exposé à une pollution sonore qui peut grimper jusqu’à 120 décibels, l’équivalent du bruit d’un marteau-piqueur. « A bord, le bruit est permanent. Certains embarquent même un casque anti-bruit » ;
5 heures. C’est la durée moyenne de sommeil quotidienne… les bons jours. Les navigateurs dorment par tranches de 1 heure et trente minutes. « Lors de périodes plus agitées, ces cycles sont remplacés par des phases de 10 minutes au cours desquelles ils plongent directement dans un sommeil profond ».

  • Source : Interview de Jean-Yves Chauve, 4 novembre 2008, Europ Assistance, novembre 2008

Aller à la barre d’outils