Vers une nouvelle affaire Vioxx ?

16 avril 2008

A en croire un article publié ce matin dans les colonnes du Journal of the American Medical Association (JAMA), le laboratoire américain Merck and Co – détenteur des marques de Merck Sharp & Dohme (MSD) – aurait recouru à des « prête-noms » pour signer des publications scientifiques favorables au rofecoxib (Vioxx). Cet anti-inflammatoire non-stéroïdien avait été retiré du marché par son fabricant en septembre 2004, car il était impliqué dans la survenue d’événements cardiovasculaires sérieux.

Le Pr Joseph S. Ross et ses collègues de la Mount Sinaï School of Medicine à New York, ont passé au crible près de 250 documents relatifs au Vioxx : des publications scientifiques, mais également des données internes au laboratoire divulguées lors des procès auxquels ce dernier fait face depuis 3 ans.

Il en ressort que « les articles relatifs au rofecoxib (Vioxx) auraient souvent été rédigés par des salariés de MSD, mais signés d’auteurs indépendants qui n’ont pas toujours révélé avoir été rémunérés par le laboratoire ». Il semblerait que ce type de sponsoring soit monnaie courante dans l’industrie pharmaceutique. En revanche, ce serait l’une des toutes premières fois que des preuves solides sont rassemblées contre une entreprise.

Ainsi dans un document interne daté de 2001, deux essais cliniques portant sur 3 000 personnes signalent un risque de décès multiplié par 3 chez des patients sous Vioxx atteints de la maladie d’Alzheimer. Le hic, c’est que les résultats publiés de ces deux travaux ne font pas référence à un tel sur-risque.

De son côté, le fabricant rejette en bloc ces accusations. Dans une déclaration officielle, MSD fait part de sa « déception que de telles déclarations mensongères, formulées par des avocats lors de procès, se retrouvent dans un journal médical ». Affaire à suivre…

  • Source : JAMA, Vol 299, n°15, 16 avril 2008 - Merck, 16 avril 2008

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