Viande de cheval : l’Europe lance une enquête sanitaire

08 mars 2013

La phénylbutazone retrouvée dans la viande de cheval présente-t-il des risques pour la santé ? L’europe veut savoir… ©Phovoir

La Commission européenne demande une étude sur les risques éventuels associés à la consommation de résidus de phénylbutazone. Des traces de cet anti-inflammatoire ont été retrouvées récemment dans de la viande de cheval présente dans la chaine alimentaire. L’Agence européenne du Médicament (EMA) et l’Autorité européenne de sécurité des Aliments (EFSA) formuleront un avis scientifique sur ce point d’ici le 15 avril 2013.

Cette étude est évidemment liée au scandale qui secoue actuellement plusieurs pays européens avec la découverte de viande de cheval dans de nombreux plats industriels censés être « 100% pur bœuf ». L’objectif de la Commission est ainsi de s’assurer qu’il ne se cache pas une éventuelle crise sanitaire derrière cette affaire de fraude.

« Cette demande fait suite à l’identification récente de produits à base de viande bovine contaminés par de la viande de cheval, et à la découverte de phénylbutazone – également connue sous le nom de «bute» – dans un petit nombre de carcasses de cheval destinées à la chaîne d’approvisionnement alimentaire », expliquent l’EFSA et l’EMA dans un communiqué.

Un anti-inflammatoire qui pose question…

La phénylbutazone fait partie de la famille des anti-inflammatoires. Cette molécule « est parfois utilisée dans des médicaments à usage humain pour traiter certaines affections inflammatoires sévères pour lesquelles aucun autre traitement n’est jugé adapté », poursuivent les deux agences.

En médecine vétérinaire, son utilisation est autorisée dans certains états membres pour soulager la douleur et réduire les inflammations chez des animaux non producteurs de denrées alimentaires (chiens, chevaux de course). En revanche,  son « utilisation n’est pas autorisée pour le traitement d’animaux destinés à la chaîne d’approvisionnement alimentaire humaine. Toute présence de cette substance dans des aliments d’origine animale résulte donc d’une utilisation illégale de carcasses de chevaux traités ».

L’EFSA et l’EMA rendront leur avis d’ici le 15 avril. L’objectif est de déterminer tout risque potentiel pour les consommateurs lié à la présence de résidus de phénylbutazone dans la viande de cheval. Elles se pencheront également sur les risques éventuels associés à d’autres produits « illégalement contaminés par de la viande de cheval ».

En 1998, déjà…

A noter enfin, qu’en 1998, une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) alertait déjà sur certaines pratiques en vigueur notamment dans des pays d’Europe de l’Est. Cette année-là, une épidémie de trichinellose (128 cas en quelques semaines) avait été rapportée dans la région Midi-Pyrénées. Cette affection est transmise par Trichinella spiralis, parasite du porc mais surtout du cheval qui est à l’origine de troubles digestifs, de douleurs articulaires et musculaires. Elle se caractérise également par de la fièvre et des perturbations de la formule sanguine.

L’épidémie avait été provoquée par de la viande importée d’ex-Yougoslavie. Les auteurs avaient alors conclu en forme de mise en garde : « cette épidémie a montré les limites des protocoles actuellement utilisés (…) lors du contrôle systématique des carcasses de chevaux après abattage et suggère la nécessité d’un renforcement en provenance d’Europe de l’Est… ».

Ecrit par : David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet

  • Source : EFSA, 7 mars 2013 – EMA, 7 mars 2013 – BEH n°28, 13 juillet 1998

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