VIH/SIDA : la stigmatisation ne recule pas

29 septembre 2017

Malgré les nombreux progrès accomplis dans la lutte contre l’épidémie du VIH/SIDA, un fléau perdure partout dans le monde : la stigmatisation. Celle-ci est d’autant plus forte sur les séropositifs homosexuels. Une situation qui désole les associations militantes. Le point avec Romain Mbiribindi, membre de l’association Afrique Avenir. 

Romain Mbiribindi travaille au sein de l’association Afrique Avenir depuis sa création en 1992. « A l’époque, nous œuvrions en faveur de l’amélioration de la santé des populations d’origine africaine en France. Mais rapidement le SIDA est devenu notre priorité », raconte-t-il. Et pour cause, l’épidémie mortelle tuait beaucoup dans cette population.

Depuis plusieurs années heureusement, les traitements antirétroviraux permettent aux patients de vivre normalement et d’avoir une espérance de vie équivalente à celle des séronégatifs. Un progrès considérable qui s’est révélé être « un levier très puissant pour faire de la prévention », souligne Romain Mbiribindi.

Les limites de la prévention ?

C’est sur le terrain qu’œuvrent les bénévoles de l’association. « Dans les discothèques, les salons de coiffure, les lieux de fêtes où se réunissent les personnes originaires d’Afrique ou des Antilles », précise-t-il. Ils leur proposent information, conseil et dépistage sur place avec les Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD). Leur travail a porté ses fruits et la situation est bien meilleure que dans les années 1990. « Les gens acceptent de réaliser le test alors qu’ils ne voulaient même pas en entendre parler il y a 20 ans », rappelle Romain Mbiribindi.

Pourtant, malgré toutes ces améliorations, la stigmatisation des séropositifs perdure. En la matière, « il n’y a pas de progrès », assure-t-il même. Et pour les homosexuels, « la peine est double car ils sont stigmatisés pour les deux raisons ».

Indétectable = zéro contamination

Un séropositif dont la charge virale est indétectable grâce à son traitement antirétroviral ne risque plus de transmettre le virus. C’est désormais confirmé scientifiquement. Mais « cette information est difficile à faire passer », se désole Romain Mbiribindi. « Certains médecins ne le disent même pas à leurs patients. »

Au cours de la conférence internationale sur le VIH de l’IAS qui s’est tenue en juillet 2017 à Paris, le Pr Anthony Fauci, directeur du National institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) américain, a pourtant bien rappelé que « le risque de transmission sous traitement était négligeable ». Le Pr Jean-François Delfraissy, co-organisateur de la conférence se désolait également lors de cette rencontre internationale : « nous avons raté quelque chose en matière de lutte contre le VIH puisque la stigmatisation perdure autant ». Or dans le monde, « la stigmatisation comme la criminalisation rendent difficiles d’atteindre l’objectif de 90-90-90 fixé par l’OMS », rappelait de son côté le Pr Michel Kazatchkine, autre grand spécialiste du SIDA.

Alors, comment faire pour convaincre ? « Sensibiliser et informer, sans cesse », martèle Romain Mbiribindi.

  • Source : interview de Romain Mbiribindi, 4 septembre 2017 – conférence internationale sur le VIH de l’IAS, juillet 2017

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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