Vincent Lambert : le Conseil d’Etat confirme l’arrêt des traitements, l’Europe dit non

24 juin 2014

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) demande le maintien en vie de Vincent Lambert, plongé dans un coma végétatif. Saisie par les parents du patient, l’institution a donc appelé – hier soir – à la suspension en urgence de l’arrêt du Conseil  d’Etat. Lequel préconisait, ce mardi 24 juin, « la décision médicale de mettre fin à l’alimentation et à l’hydratation artificielle », conformément aux souhaits de Vincent Lambert.

Les étapes se suivent mais ne se ressemblent pas. Dernier recours judiciaire pour les parents du patient, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a fait savoir, hier soir, son opposition avec le Conseil d’Etat. Lequel avait statué, ce mardi 24 juin, contre le maintien des traitements de Vincent Lambert, plongé dans un coma végétatif chronique depuis 6 ans, suite à un accident de la route. « Rendue par la plus haute juridiction française, la décision médiatisée du Conseil d’Etat ne modifie en rien les grands repères de la loi Leonetti », souligne le Dr Vincent Morel, chef de service de l’unité mobile du CHU de Rennes, et président de la Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs (SFAP).

Cette loi vise à soulager la douleur des patients, à mettre le malade au cœur des décisions qui le concernent, et à refuser l’acharnement thérapeutique.

Faciliter la démarche palliative

Suite à l’annonce de la position du Conseil d’Etat, la SFAP rappelle que lorsqu’un médecin décide d’arrêter une alimentation ou une hydratation artificielle pour respecter la volonté du malade (…), il n’effectue pas un geste d’euthanasie. Mais se résout à la fin de vie et l’accompagne en s’assurant qu’il ne souffre pas ». D’autant que lorsqu’une telle décision est prise, « les patients ne ressentent pas la sensation de faim, ni de soif, grâce aux mesures mises en place par les médecins et les infirmières ».

« Cette situation prouve à quel point la loi Leonetti est mal appliquée en France », nous explique le Dr Vincent Morel. « Dès lors qu’elle est bien appliquée, la loi Leonetti de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie permet en effet d’accompagner les malades au plus près de leur décision ». Pour le Dr Vincent Morel, trois points sont cependant à améliorer :

  • Mieux informer les patients concernant la procédure, encore très mal connue, de la personne de confiance et des directives anticipées prévues par la loi ;
  • Mieux former le personnel de santé à l’accompagnement de la fin de vie. « Sur 10 années d’étude, seules 10 heures de cours en soins palliatifs sont dispensés aux futurs médecins » ;
  • Mieux intégrer les infirmiers et infirmières dans la procédure collégiale, laquelle est obligatoire pour enclencher un processus de fin de vie. « En contact quotidien avec les patients, ces derniers ont toute leur place dans ces décisions aussi particulières à prendre ».

Rappelons que les parents de Vincent Lambert – défenseurs du maintien en vie de leur fils – avaient déposé plainte en urgence, ce lundi 23 juin, auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme. Laquelle peut être saisie en dernier recours afin de s’opposer à la décision du Conseil d’Etat.

  • Source : Interview du Dr Vincent Morel, chef de service de l’unité mobile du CHU de Rennes, et président de la Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs (SFAP), 24 juin 2014

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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