Violences contre les médecins : un bond de 23 % en 2022
23 mai 2023
L’Observatoire de la sécurité des médecins, piloté par le Conseil de l’ordre, a publié les chiffres pour 2022 des violences envers les médecins. L’enquête pointe une hausse record des agressions alors que seules 31 % des victimes portent plainte.
On apprenait mardi 23 mai le décès d’une infirmière agressée au couteau, la veille, au CHU de Reims. Le même jour, l’Observatoire de la sécurité des médecins publie son rapport annuel. En 2022, les violences envers les médecins ont bondi de 23 % par rapport à 2021. Violences physiques, verbales, harcèlements, menaces… il s’agit là d’une hausse record des agressions depuis la création de l’Observatoire, en 2002, par le Conseil national de l’ordre des médecins. Chaque année, en moyenne, 841 médecins sont victimes de violences. L’année dernière, ils étaient 1 244.
L’enquête de l’Observatoire s’appuie sur les déclarations d’incidents et d’agressions des médecins formulées auprès des conseils départementaux de l’ordre des médecins. Parmi eux, seuls 31 % d’entre eux ont porté plainte, 8 % ont déposé une main courante.
56 % des victimes sont des femmes
Les premières régions concernées sont les Hauts-de-France (233 agressions), suivi de l’Ile-de-France (176) et Auvergne-Rhône-Alpes (139). 71 % des médecins agressés sont des médecins généralistes. « Le Conseil national de l’Ordre des médecins est conscient d’une sous-déclaration notable des violences dont les médecins sont victimes, notamment de ceux exerçant dans les établissements de soins publics et privés », est-il précisé par l’Observatoire.
La majorité des victimes sont des femmes (56 %), tandis qu’elles représentaient 53 % des victimes en 2021. Dans 58 % des cas, l’agression est commise par un patient, dans 18 % des cas par une personne accompagnant le patient.
Concernant le type de violences, 73 % des agressions constituent des agressions verbales et des menaces. 10 % sont des vols ou tentatives de vol, 7 % sont des agressions physiques, 7 % des actes de vandalisme.
73 % des violences dans le cadre de la médecine de ville
Un tiers des violences sont liées à la prise en charge, 20 % à un refus de prescription, 11 % à une falsification de document, 10 % à un temps d’attente jugé trop long et 9 % à un vol. Elles se déroulent pour trois quarts d’entre elles dans le cadre d’un exercice de médecine de ville, pour 23 % d’entre elles en établissement de soins. Autre renseignement notable, 6 % des violences entraînent une interruption de travail.
L’Observatoire rappelle que les pouvoirs publics ont un rôle de protection des soignants et un rôle d’accompagnement « des médecins dans leurs démarches après la commission de ces violences ». Il rappelle aussi que la sécurité des médecins est l’affaire de tous : « Pleinement conscient de ces problèmes croissants d’insécurité, le conseil national demande à ce que nous agissions tous, collectivement, pour prévenir ces violences auprès des médecins et de l’ensemble des soignants ».