Voir des mouches volantes: et si c’était un décollement de la rétine?
22 septembre 2016
Jeffrey B. Banke/shutterstock.com
Des mouches, un papillon ou encore un cercle ou une ligne. Les patients sujets aux myodésopsies, trivialement qualifiées de mouches volantes, souffrent, pour la plupart, d’un vieillissement naturel du corps vitré. Un phénomène gênant et irréversible. Toutefois, le cerveau finit en principe par s’y habituer. Explications.
Dans le cas des myodésopsies, « des condensations apparaissent à l’intérieur du corps vitré de l’œil (la masse gélatineuse qui remplit l’intérieur de l’œil et qui maintient son volume ndlr) », indique le Pr Gilles Renard de la Société française d’Ophtalmologie (SFO). « Celles-ci vont se trouver sur le trajet de la lumière et donc, projeter une ombre sur la rétine ». Elle sera interprétée comme une mouche volante, un papillon, un dessin, une ligne… « Il y a autant de formes que de patients. »
Le vieillissement naturel de l’œil
« Le décollement postérieur du vitré est un phénomène naturel lié à l’âge qui survient à partir de 60 ans », explique le Pr Renard. « Un peu plus tôt chez les myopes, un peu plus tard chez les hypermétropes. » Comme le vitré se décolle, « il va se condenser, provoquant des zones plus denses que le patient va percevoir sous forme de mouches volantes », poursuit-il. Ce phénomène est naturel et concerne 80% à 90% des hommes et des femmes au-delà de 60 ans. Pour autant, « il n’est pas perçu par tous ».
Dans ce cas très fréquent, « il n’y a aucun traitement disponible », indique Gilles Renard. « La chirurgie présente un bénéfice-risque totalement négatif. » Avec un risque important d’induire une cataracte et un décollement de la rétine.
Il ne reste donc plus au patient qu’à s’habituer. « Le cerveau va automatiquement annuler la perception des mouches volantes au bout de quelques semaines », rassure-t-il. Rapidement donc, « il ne s’en apercevra plus. Sauf s’il les cherche ».
D’autres causes, des pathologies à traiter
Reste qu’il existe d’autres causes possibles à ce symptôme des mouches volantes. Bien que beaucoup moins fréquemment, certaines pathologies des tissus qui entourent le vitré peuvent en être à l’origine. Ainsi, des protéines ou autres cellules des tissus environnants peuvent être largués dans le vitré, comme dans le cas des uvéites.
Enfin, et bien plus grave, la déchirure de la rétine. Accompagnée d’une hémorragie, celle-ci provoque la libération de globules rouges dans le vitré. Sans traitement – au laser – le patient risque de perdre la vue. Il est donc impératif de consulter en cas de mouches volantes. « En particulier lorsque ce symptôme est accompagné de phosphènes, des flashs lumineux », insiste Gilles Renard. Dans ce cas, il est impératif de consulter « dans les 24 heures ».
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Source : interview du Pr Gilles Renard, Directeur Scientifique de la Société française d’Ophtalmologie (SFO), 9 septembre 2016
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche