Zyban®, un anti-tabac à l’origine de malformations congénitales?
04 janvier 2012
Plusieurs études ont mis en évidence récemment, l’existence de malformations cardiaques congénitales chez des enfants qui avaient été exposés in utero à un médicament utilisé dans le sevrage tabagique, le bupropion commercialisé sous le nom de Zyban®. Or, comme le rappellent les rédacteurs de la Revue Prescrire, ce traitement n’est pas indiqué chez la femme enceinte.
Actuellement, seuls les substituts nicotiniques sont recommandés chez la femme enceinte. Ils peuvent d’ailleurs être utilisés sous toutes leurs formes, qu’il s’agisse de patches, de pastilles, de gommes à mâcher… Qu’il s’agisse du Zyban® ou du Champix® (varénicline), les deux autres médicaments d’aide au sevrage tabagique sont en effet déconseillés pour cette population particulière.
Il n’empêche que selon une recherche documentaire menée par la Revue Prescrire, certaines femmes enceintes – à travers le monde – se sont vues prescrire du bupropion ou en ont pris dans le cadre d’une automédication. Les rédacteurs rapportent ainsi, « une étude cas/témoins de 2010 incluant plus de 10 000 enfants, et qui a montré une fréquence accrue de l’exposition in utero au bupropion chez des enfants porteurs d’anomalies cardiaques congénitales gauches ».
Pendant la grossesse, utilisez les substituts nicotiniques
Par ailleurs en 2008, le registre de la firme qui commercialise cette molécule rapportait 806 grossesses exposées à ce dérivé amphétaminique. « Des malformations cardiaques y étaient encore surreprésentées », poursuivent les rédacteurs.
D’autres données aboutissent à des résultats moins probants. Mais d’une manière générale, « des doutes existent sur un effet tératogène – la capacité à provoquer des malformations fœtales n.d.l.r. – notamment cardiaque, de médicaments ou de produits dérivés des amphétamines ». Ce qui justifie d’ailleurs que le bupropion ne soit pas indiqué chez la femme enceinte.
En conclusion, Prescrire rappelle qu’en dehors de la grossesse, le Zyban® présente une balance bénéfices/risques défavorable. Il convient donc « de ne pas utiliser le bupropion, y compris pendant la grossesse, et de surveiller le cœur des fœtus et des nouveau-nés qui ont été exposés ». Enfin si une aide médicale est toujours souhaitable dans le sevrage tabagique, mieux vaut comme l’indiquent les recommandations de l’AFSSaPS s’en remettre aux substituts nicotiniques.
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Source : Les stratégies thérapeutiques, médicamenteuses et non médicamenteuses de l’aide à l’arrêt du tabac, AFSSaPS, mai 2003 – La Revue Prescrire, Janvier 2012/Tome 32 N°339.