Grippe aviaire A/H7N9 : le porc avant l’homme ?

18 avril 2013

Un marché de volaille en Chine. © Cirad, M.Peyre

Une source toujours inconnue, aucune transmission interhumaine confirmée, un virus faiblement pathogène chez l’animal mais potentiellement mortel chez l’homme… La souche aviaire A/H7N9 reste encore bien mystérieuse, concernant ses voies de diffusion. Pas évident dans ces conditions, de mener la lutte. Laquelle pourrait toutefois conduire au porc, un animal surveillé de très près, puisqu’il est susceptible de donner naissance à un nouveau virus.

Un taux de mortalité de 19,5%. Au 17 avril 2013 (18h00), 9 nouveaux cas étaient rapportés. Ce qui porte le total à 87, dont 17 mortels, soit un taux de létalité de 19,5%. « Des investigations sont en cours concernant les sources et les réservoirs possibles du virus », décrit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dans son dernier point de situation. « Jusqu’à ce que la source de l’infection soit identifiée, on s’attend à voir apparaître d’autres cas humains porteurs de ce virus en Chine. Jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve qu’une transmission interhumaine soit en cours ».

Sur place en Chine, les autorités ont interdit ou limité les marchés. Elles ont également mis en place des mesures d’hygiène et de biosécurité pour diminuer le risque de transmission. Des échantillons de la souche virale ont été envoyés dans plusieurs laboratoires (Tokyo, Melbourne, Londres, Atlanta et Memphis) afin d’y être étudiés. L’objectif est double : comprendre l’activité du virus et avancer dans la mise au point de stratégies de vaccination. En France, le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) est sur le front, notamment pour son expertise en matière de grippes animales.

Des porcs touchés ? Le virus A/H7N9 tarde effectivement à se dévoiler. Comme l’explique François Roger, directeur de l’Unité de recherche Animal et gestion intégrée des risques (AGIRs) du CIRAD, « les oiseaux ne sont apparemment pas malades et certaines espèces animales comme les mammifères, potentiellement les porcs, pourraient être les relais d’autres espèces. »

Cet animal est aussi étudié de près en raison du risque d’émergence d’un nouveau virus par réassortiment. Le porc est en effet considéré par les scientifiques comme un véritable « shaker ». Autrement dit, il est susceptible d’« héberger » plusieurs virus avant d’en donner naissance à de nouveaux, potentiellement transmissibles à l’homme.

Comme nous l’a confirmé Grégory Hartl qui dirige le département médias de l’OMS, « nous avons recensé quelques victimes qui ont eu des contacts avec des porcs ». Pour d’autres, « aucun lien avec quelque animal que ce soit n’a été établi ». Le mystère reste donc entier autour de ces cas qui posent décidément question…

Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : OMS, 17 avril 2013 – Compte twitter de Gregory Hartl, 17 avril 2013 – CIRAD, 17 avril 2013 – Sciencemag.org, 17 avril 2013

Aller à la barre d’outils