Paris 2024 : tout savoir sur E. Coli, cette bactérie au cœur de la polémique

08 août 2024

Alors qu’une triathlète belge n’a pas pu prendre le départ du relais mixte des Jeux olympiques de Paris 2024, la qualité de l’eau de la Seine a été mise en cause par le quotidien belge De Standaard et le Comité olympique et interfédéral belge. Claire Michel aurait été contaminée par la bactérie Escherichia coli en nageant dans la Seine le 31 juillet lors de l’épreuve individuelle. Qu'est-ce que cette bactérie, naturellement présente dans l'intestin des hommes ?

Malade, une triathlète belge a déclaré forfait pour le départ du relais mixte lundi 5 août. En conséquence, son équipe a également été contrainte de se retirer de la compétition. Selon le quotidien belge De Standaard, la sportive Claire Michel était infectée par la bactérie Escherichia coli, information démentie par la sportive mardi 6 août sur Instagram*. E. Coli est une bactérie qui réside naturellement dans le tube digestif humain et des animaux à sang chaud. Mais certaines souches sont pathogènes pour l’humain, on parle alors de souches E.Coli entérohémorragiques (EHEC). « Elles vont libérer des toxines induisant majoritairement une lésion de l’endothélium vasculaire (la couche de cellules tapissant les vaisseaux sanguins) intestinal et rénal », précise l’Institut Pasteur.

La principale voie de transmission d’E.Coli est la voie alimentaire. La contamination d’aliments d’origine animale peut intervenir à l’abattoir pour les viandes ou lors de la traite en élevage laitier. Pour les végétaux, elle survient lors d’une irrigation avec de l’eau contaminée ou lors de l’épandage de fumier. Une contamination des aliments est également possible lors de la préparation des repas, en cas de mauvaise hygiène des mains.

La mesure d’E.Coli pour connaître la qualité des eaux de baignade

La mesure d’E.Coli est utilisée pour évaluer la qualité des eaux de baignade, notamment les rivières. « Bien que la majorité des souches d’E. coli ne soient pas pathogènes, la bactérie reste un excellent indicateur de contamination fécale dans les cours d’eau. Une concentration élevée représente alors un risque élevé de présence de bactéries pathogènes », explique sur son site, la Fondation (québécoise) Rivières.

Les eaux usées sont une source importante de contamination des rivières, notamment lors de fortes pluies, alors que les débits sont trop importants pour être traités dans leur totalité.  La pollution de la Seine lors de l’épreuve individuelle de triathlon le 31 juillet, c’est le mode de contamination que soupçonne le quotidien De Standaard pour l’athlète belge. Une accusation balayée par la ministre des Sport et des Jeux olympiques Amélie Oudéa-Castéra.

Quelles conséquences pour la santé ?

Au-delà de la polémique, quelles peuvent être les conséquences pour la santé d’E. Coli ? Selon l’Anses, la durée moyenne d’incubation est de 3 à 4 jours. Souvent asymptomatique chez l’adulte, E. Coli peut être responsable d’une diarrhée bénigne mais les patients souffrent parfois de formes plus graves comme une diarrhée hémorragique – crampes abdominales et diarrhée initialement aqueuse puis sanglante chez un patient généralement apyrétique (sans fièvre) ou subfébrile (fièvre légère). Les symptômes peuvent durer 5 à 12 jours. L’adulte est contagieux une semaine au moins, souvent plus chez l’enfant.

Les complications d’une contamination à E. Coli sont :

  • un syndrome hémolytique et urémique (SHU) dans 5 à 8 % des cas, mortel chez les enfants de moins de 15 ans chez 1 % d’entre eux. Le SHU est une infection à Escherichia coli producteurs de Shiga-toxines (STEC) qui affecte essentiellement les reins ;
  • une microangiopathie thrombotique (MAT) mortelle chez 50 % des personnes âgées (obstructions des petits vaisseaux sanguins) ;
  • des complications neurologiques surviennent chez 25 % des SHU ;
  • une insuffisance rénale chronique survient chez 50 % des survivants du SHU.

En France, la surveillance des infections à EHEC consiste en la surveillance des cas de SHU chez les enfants de moins de 15 ans. « Comme il y a de très nombreux Escherichia coli dans notre tube digestif, il faudra reconnaître (lors d’une analyse des selles du patient, ndlr) en particulier les Escherichia coli entérohémorragiques, en détectant le gène codant la shigatoxine, ou bien la toxine elle-même, par des méthodes de laboratoire », note l’Institut Pasteur.

A noter : En 2022, le scandale Buitoni – la contamination de pizzas de la marque Buitoni – avait causé une large augmentation du nombre de cas de SHU en France avec 56 cas recensés – 55 enfants et 1 adulte – dont deux mortels.

Pour connaître toutes les mesures de prévention : https://www.anses.fr/fr/content/e-coli-shigatoxines

MISE A JOUR : mardi 6 août dans la soirée, Claire Michel a démenti sur Instagram : « les tests sanguins ont démontré que j’avais contracté un virus, mais pas E.coli. Après trois jours de vomissements et de diarrhées qui m’ont vidée, j’ai eu besoin de plus d’attentions médicales dimanche à la polyclinique du village olympique ».

  • Source : Institut Pasteur, Anses, Le Parisien, De Standaard, Fondation Rivières

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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